dimanche 11 novembre 2012

Point d'histoire familiale - Antoine Victor Debuire


Retour dans l'Oise pour ma chronique hebdomadaire familiale.

Cette fois-ci il s'agit d'une famille modeste de chanvriers et de personnes travaillant essentiellement dans le monde rural. L'autre caractéristique est que tous les membres de la famille sont de la même région. Donc pas de grands voyages ...


Cet article illustre donc un des aspects les plus connus de l'Ancien Régime : la stabilité sociale. Par stabilité sociale, je veux dire que cette société étant une société d'ordre, les gens avaient plutôt tendance à rester dans leur ordre et les enfants exerçaient la profession de leurs parents, avec toutefois la possibilité de s'enrichir un peu pour disposer d'une terre plus grande.

Je vous invite donc à un voyage d'un peu plus d'un siècle chez ces ancêtres paysans, et le premier d'entre eux : Antoine Victor Debuire.

1) Antoine Victor Debuire (1761-1824)

Antoine Victor Debuire est né à Vaucelles le 19 janvier 1761 du mariage d'Antoine Debuire, chanvrier et de Marie Marguerite Delafosse.
Vaucelles est un village de la paroisse de Néry, dans l'Oise, Néry est une petite paroisse à mi-chemin entre Senlis et Compiègne. Elle est située dans une bande de terre agricole entourée de forêts au Nord-Est et au Sud-Ouest. Il est donc naturel d'y trouver des personnes exerçant le métier de chanvrier, c'est-à-dire la culture et la préparation du chanvre, matériau très en vogue à l'époque pour fabriquer des tissus.


Le 17 février 1784, alors âgé de 23 ans, il épouse Marie Thérèse Véronique Monard qui est 5 ans plus âgée que lui et qui est la fille de Jean Baptiste Monard, également chanvrier et Marguerite Morel.

Antoine Victor n'a pratiquement pas connu son père, celui étant décédé quand il avait 2 ans, mais sa mère s'est remariée avec Jean Baptiste Monard, qui est de la famille de la future épouse de son beau-fils.

De l'union de Antoine Victor et de Marie Thérèse Véronique naîtront au moins 3 enfants :
  • Antoine Victor en 1786
  • Marie Thérèse Véronique en 1790
  • Jean Baptiste

Il est amusant de voir que le choix des prénoms ne tient pas du hasard : le fils aîné est prénommé comme son père, l'aînée des filles comme sa mère et le troisième porte le prénom du nouveau mari de la mère d'Antoine Victor ... 

Son épouse décède le 13 décembre 1806 à l'âge de 50 ans et 2 ans après, le 17 février 1808, il se remarie avec Marie Madeleine Collar, de 7 ans sa cadette. Il a alors 47 ans et elle en a 40. A noter que Marie Madeleine Collar était elle-même veuve de Dominique Caron, décédé le 17 mars 1807.

Tout ce monde étant de Vaucelles, et Antoine Victor ayant des Collar et des Caron dans ses collatéraux, il y a de fortes chances que tout le monde se connaissait bien et que le remariage de 2 veufs ait été perçu comme naturel à une époque où il n'y avait pas de pension de reversion ni d'assurance vie !

Après toute une vie passée comme chanvrier et cultivateur, Antoine Victor s'éteint le 7 janvier 1824 à l'âge de 62 ans.

2) Antoine Debuire et Marie Marguerite Delafosse

Antoine Debuire est né le 14 mai 1734 à Vaucelles du mariage d'Antoine Debuire et de Marie Louise Herbet. Antoine Debuire son père est manouvrier, c'est-à-dire un ouvrier agricole qui vend ses "mains" pour des travaux divers. C'est, avec le journalier, la plus bas de l'échelle sociale dans le monde rural. Peut-être possède-t-il un petit lopin de terre pour y cultiver de quoi nourrir sa famille ? Nous n'en savons rien.
Marie Louise Herbet sa mère est quant à elle fille d'un jardinier.

Antoine fils sera chanvrier toute sa vie et décèdera le 29 mars 1763 à Vaucelles, âgé seulement de 28 ans ! Rien dans son acte de décès n'indique la cause de sa mort, mais on peut imaginer qu'il s'agisse d'une maladie. La seule mention "curieuse" qui figure dans son acte de décès est qu'il est "mort dans le sein de l'église catholique", et non pas "muni des sacrements" comme cela est normalement écrit. Je ne sais pas comment interpréter cette mention. Peut-être était-il protestant ? Ou qu'il est mort trop rapidement pour recevoir les sacrements ?

Chanvriers

Marie Marguerite Delafosse est née le 13 décembre 1737 à Vaucelles, du mariage de Jean Jacques Delafosse et de Marie Anne Caron. Sa famille est modeste car son père est chanvrier.
Marie Marguerite décèdera le 23 septembre 1807 à Vaucelles, à l'âge de 69 ans. Sa satisfaction sera sans doute de voir ses enfants mariés et d'être grand-mère !

Le 10 janvier 1758, Antoine et Marie Marguerite se marient à Vaucelles.
Il a alors 23 ans et elle a 20 ans.

De cette union naîtront deux enfants :
  • Antoine Victor en 1761
  • Pierre en 1763, deux semaines avant le décès de son père !
A la mort d'Antoine, Marie Marguerite se remarie avec Jean Baptiste Monard, ce qui était nécessaire car que pouvait faire une femme de 25 ans avec deux enfants de 2 ans et de quelques semaines ... De plus, la France de Louis XV sort juste de la Guerre de 7 ans qui a été assez dure pour les campagnes du royaume. C'est donc une femme sans ressource qui va se remarier.

3) Antoine Debuire et Marie Louise Herbet

Antoine Debuire naît vers 1684 à Vaucelles du mariage de François Debuire et de Marie Landru. François Debuire son père est manouvrier. Il est donc issu d'une famille très modeste. Comme son père il sera manouvrier et vivra donc pauvrement. Il décèdera le 16 avril 1741 à Vaucelles à l'âge de 57 ans.

Son enfance n'a pas dû être simple car il a eu 11 frères et soeurs qui ont tous vécus ! 

Marie Louise Herbet est née le 12 février 1692 à Saintines, une paroisse voisine de celle de Néry au nord. Son père est Hubert Herbet, jardinier et sa mère Marie Cucul. Ce patronyme de Cucul est assez peu fréquent dans la région et même si l'époque était différente, je pense qu'il ne devait quand même pas être facile à porter !

Ils se marient le 16 novembre 1716 à Saintines. Antoine a alors 32 ans et Marie Louise 24 ans. Peut-être la modestie de la situation d'Antoine explique-t-elle ce mariage tardif ?
De cette union naîtront au moins 4 enfants :
  • Marie Louise en 1721
  • Antoine en 1724
  • Elisabeth en 1732
  • Antoine en 1734
Là encore, on peut remarquer que les aînés portent le prénom de leur parent selon leur sexe. On note également que tous les enfants sont nés à Vaucelles, ce qui signifie que le couple est allé vivre dans la paroisse des parents du marié.

4) Jean Jacques Delafosse et Marie Anne Caron

Jean Jacques Delafosse naît à Saintines le 9 novembre 1714 de l'union d'Antoine Delafosse avec Jeanne Michel. La famille d'où est issu Jean Jacques est sans doute assez pieuse car son parrain n'est autre que Jean Charles de Corbye, prêtre.
Toute sa vie, il exercera la profession de chanvrier et mourra le 26 février 1785 à Vaucelles à l'âge de 70 ans.

Marie Anne Caron est née le 18 septembre 1710 à Néry du mariage de Simon Caron, filassier puis chanvrier et de Marguerite Bergeron. Elle décède le 13 mai 1770 à Néry âgée de 60 ans.

Jean Jacques Delafosse et Marie Anne Caron se marient le 23 septembre 1734 à Néry et il leur naitra au moins 3 enfants :
  • Marie Marguerite en 1737
  • Pierre vers 1751
  • Pierre
Au dècès de Marie Anne Caron, Jean Jacques Delafosse se remarie avec une certaine Marie Marguerite Villard. Sans doute voulait-il assurer ses vieux jours car il a 56 ans à la mort de sa première épouse et ses enfants sont "casés" comme on dirait aujourd'hui.

5) François Debuire, Marie Landru, Hubert Herbet, Marie Cucul, Antoine Delafosse, Jeanne Michel, Simon Caron et Marguerite Bergeron

Tous ces arrières-grands-parents d'Antoine Victor Debuire sont nés et ont vécu dans la seconde partie du XVIIème siècle, en plein règne de Louis XIV.

Ils sont tous issus de la même région et ont sensiblement la même origine sociale, à l'exception de Marguerite Bergeron dont j'aurai l'occasion de parler un autre jour puisqu'elle est un exemple assez étonnant de "déchéance sociale" car elle est une descendante de Gaspard Bergeron, Garde des Sceaux de la châtellenie de Verberie et Capitaine de la Forteresse de Béthisy. Mais entre elle et son ancêtre, il y a quelques lacunes à combler qui prennent beaucoup de temps à cause de l'ancienneté des faits (milieu du XVIème siècle) 

Il n'en reste pas moins que toutes ces personnes, quoiqu'ayant eu une vie laborieuse et modeste ont quand même vécu assez longtemps, en moyenne 63 ans avec un maximum à 81 ans pour Hubert Herbet, le jardinier !

Cette chronique familiale montre donc un échantillon de ce que fut la vie de la majorité de nos ancêtres, celle de ce que l'on appellerait aujourd'hui des Français moyens !

Et vous, avez-vous trouvé des générations de familles modestes dans vos arbres ?

Pour aller plus loin :
 





           

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