jeudi 29 novembre 2012

Point d'histoire familiale - Eugène François Girault

Pack Généatique 2012 - le cadeau idéal à faire à ceux qui veulent se lancer dans la généalogie ! 
 

Récemment, j'ai eu l'occasion de parler de la famille de Jean Girault et de Jeanne Gaudinière. Cette famille a une signification particulière pour moi car il s'agit de celle de mon arrière-grand-mère maternelle que j'ai très bien connu puisqu'elle est décédée à mes 25 ans.

Par ailleurs, j'ai passé un grand nombre de vacances chez elle et cela a été pour moi une occasion unique de partager avec elle des histoires familiales avec des souvenirs forts.


Je vais donc parler aujourd'hui de son père et de ses ascendants, Eugène François Girault. Et telle la madeleine de Proust, cela va être pour moi l'occasion de replonger quelques années en arrière dans cette région située à la frontière de l'Orne, de la Sarthe et de la Mayenne, entre les anciennes provinces du Maine et de la Normandie.

Pour terminer sur cette introduction, je précise également que les Archives Départementale en ligne de ces trois départements sont très complètes et très bien tenues, ce qui est un vrai bonheur pour la recherche !

1) Eugène François Girault (1845-)

Eugène François Girault est le petit dernier d'une famille de 4 enfants. Il est né le 9 août 1845 à Placé en Mayenne, plus précisément dans le village de la Chenevetterie où ses parents sont cultivateurs. Il commence par aider ses parents à la ferme mais à leur décès il quitte la maison familiale pour s'installer à Placé comme marchand de tissus.

Le 26 juin 1883 il épouse Marie Louise Piednoir, sa cadette de 3 ans, à Chailland, toujours en Mayenne. Il n'a pas été très loin pour trouver son épouse car Chailland et Placé sont des communes mitoyennes.

Eugène François Girault à son premier mariage en 1883
Marie Louise Piednoir à son mariage en 1883

Cette union verra naître deux enfants mais se terminera par un drame personnel pour Eugène François.
En effet, le 9 mai 1884 naît Marie Eugénie qui décède le 30 août suivant à l'âge de 3 mois ...
Quelques années après, le 10 juin 1889, c'est un petit garçon qui naît, Eugène Marie (noter l'inversion des prénoms pour lui donner la forme masculine de celui de sa défunte petite soeur ...). Mais les choses se passent mal et Marie Louis Piednoir décède la jour même, précédant de quelques heures la mort de son fils qui ne survit pas à l'acouchement et meurt le lendemain.

En quelques heures, Eugène François a tout perdu et il se retrouve seul sans aucun enfant, et âgé de 44 ans !

Il faut attendre le 18 septembre 1892 pour qu'il épouse à la Baconnière Euphrasie Zoé Alexandrine Trochon, qui a tout de même 15 ans de moins que lui et qui est issue d'une famille aisée et d'ascendance bourgeoise et noble. De cette union naîtra une fille Marie Eugénie Mathilde le 29 août 1894, mon arrière-grand-mère ...

Avec l'arrivée de Marie Eugénie Mathilde, la "malédiction" est levée !

Pour l'anecdote, cette dernière m'a raconté que sa mère avait été mariée auparavant avec un homme qui était fort porté sur la boisson et qui (heureusement ?) n'aura pas de descendance. Un soir, rentré ivre, il s'est attablé pour boire un autre verre, mais il a confondu une bouteille d'alcool avec une bouteille contenant de l'eau de Javel ... Le résultat ne s'est pas fait attendre : il est mort quelques heures après ...

2) Jean Girault et Jeanne Gaudinière

J'ai eu l'occasion de donner beaucoup de détail sur ce couple dans un article précédent, aussi je ne rappellerai ici que l'essentiel (voir l'article "Recensement et film généalogique").

Jean Girault est né le 22 nivôse an VIII (13 janvier 1800) à Placé du mariage de Pierre Girault et de Jeanne Mellier. Ses parents sont cultivateurs tous les deux et c'est tout naturellement qu'il exercera ce métier tout au long de sa vie.
C'est cependant un cultivateur relativement aisé car lui et son épouse auront en permanence dans leur exploitation 2 domestiques et parfois 3.
Il décède le 7 octobre 1878 à l'âge de 78 ans.

Jeanne Gaudinière est née le 22 avril 1807 à Montflours, dans la Mayenne du mariage de René Gaudinière et de Jeanne Launay. Son père est métayer et a une vie assez confortable.
Elle décèdera le 22 avril 1871, le jour de ses 74 ans ...

Jean Girault et Jeanne Renée Gaudinière se marient le 5 août 1833 à Placé, dans la commune du futur et de leur union naîtront 4 enfants :
  • Jean Baptiste, né en 1834
  • Aimée Virginie, née en 1836
  • Pierre Joseph René, né en 1838
  • Eugène François, né en 1845
Jean Girault à son mariage en 1833

3) Pierre Girault et Françoise Mellier

Pierre Girault est né le 17 mai 1768 à la Bigottière du mariage de Jean Girault avec Jeanne Billet. La Bigottière est une paroisse voisine de celle de Placé. Son père est closier, c'est-à-dire qu'il exploitait une métairie close (donc de taille modeste).
Il va commencer par servir comme domestique dans une exploitation agricole puis prendra la suite de son père comme closier. A noter que son parrain et sa marraine sont son frère et sa soeur. A l'époque donc, l'Eglise ne s'embarrassait pas de savoir si les parrain et marraine avaient suffisamment de culture religieuse ...

Il décèdera le 30 décembre 1844 à l'âge de 76 ans dans la commune de Placé où il était arrivé après son mariage.

Françoise Mellier est née le 14 décembre 1765 à Placé du mariage d'Etienne Mellier avec Françoise Anjuère. Dans l'état actuel de mes travaux, je ne sais pas grand chose de ses parents sinon qu'ils demeurent à Placé et que son père est décédé quand Françoise était assez jeune. En revanche, on sait que sa mère était closière. Elle est donc issue d'une famille d'un niveau social similaire à celui de son mari. Françoise Mellier décèdera le 29 novembre 1837 à Placé à l'âge de 71 ans.

Pierre Girault et Françoise Mellier se marient le 6 thermidor an II (24 juillet 1794) à Placé et de cette union naîtront au moins deux enfants :
  • Françoise, née en 1797
  • Jean, né en 1800

Leur acte de mariage n'est pas signé et il semble qu'ils ne savaient pas signer eux-mêmes ...

4) René Gaudinière et Jeanne Launay

René Gaudinère est né le 28 mars 1769 à Martigné dans la Mayenne du mariage de René Gaudinière, laboureur,  avec Louise Ambroise Lenain. C'est une famille au sujet de laquelle je ne sais finalement pas beaucoup de choses en dépit de la richesse des fonds d'archives qui m'ont permis de remonter assez facilement jusqu'à la fin du XVIème siècle. La seule certitude est qu'elle est très ancrée localement et que j'y ai retrouvé un meunier, signer d'une certaine aisance financière.
René Gaudinière exercera la profession de laboureur, d'abord à Martigné jusquà la fin du siècle, puis à Montflours où il décèdera le 16 novembre 1840.

Jeanne Launay est elle née le 23 mars 1771, également à Martigné, du mariage de Jean Launay, laboureur, avec Marie Carré. Dans ce cas aussi, je retrouve des laboureurs et des métayers dans son ascendance, mais rien de plus précis. Jeanne Launay décèdera le 13 octobre 1850 à Montflours à l'âge de 79 ans !

De leur union le 5 février 1793 à Martigné, naîtront au moins 6 enfants :
  • René, en 1793 à Martigné
  • Jeanne, en 1795 à Martigné, qui décèdera à l'âge de 5 ans à Montflours
  • Pierre, en 1801 à Montflours
  • Jeanne, en 1807 à Montflours
  • Renée, en 1810 à Montflours
  • Rosalie Marie, en 1816 à Montflours

 

5) Jean Girault, Jeanne Billet, Etienne Mellier, Françoise Anjuère, René Gaudinière, Louise Ambroise Lenain, Jean Launay et Marie Carré

Le point commun de ces personnes, arrières-grands-parents d'Eugène François Girault, est qu'ils sont tous des paroisses environnant Placé.

En fait, il y a eu dans cette branche une très faible mobilité et on retrouve d'ailleurs des mariages entre cousins assez fréquemment (en tous cas plus que dans la moyenne) ...

De la même manière, il y a une grande uniformité dans les professions et métiers exercés. On a des familles de paysans : des laboureurs, des cultivateurs, des métayers, des closiers. Ce n'est finalement qu'Eugène François qui innovera en devenant marchand de tissus. Cette stabilité sociale et géographique est un avantage pour le généalogiste car on ne se perd pas à chercher des actes dans des paroisses ou des communes lointaines.

Par ailleurs, je l'ai dit à plusieurs reprises, les fonds d'archives sont très complets et on peut donc remonter les branches assez loin.

Trois exemples illustrent cette stabilité :
  • Jean Girault et Jeanne Billet se marient le 23 septembre 1749 à la Bigottière
  • René Gaudinière et Louise Ambroise Lenain se marient le 17 juin 1766 à Martigné
  • Jean Launay et Marie Carré se marient le 2 juin 1767 à Martigné
Quant à Françoise Anjuère, elle est originaire de la Bigottière et de Placé.


Et vous, avez-vous pu noter parfois une grande stabilité sociale et géographique chez vos ancêtres ?

Pour aller plus loin :

           

mardi 27 novembre 2012

Généalogie et Pinterest

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Je ne suis évidemment pas le premier à tenter d'établir un lien entre Pinterest, ce réseau social permettant de partager des images et la généalogie.

Je me suis longtemps demandé comment on pouvait utiliser de réseau pour partager avec ses "amis" ce que l'on trouvait ou découvrait dans nos recherches. Alors je me suis plongé dans mes réflexions et je pense avoir trouvé quelque chose d'original.


En effet, Pinterest a ceci de particulier que c'est un réseau davantage tourné sur les émotions ressenties que les autres. Sur Facebook, on "aime" une photo ou un post, sur Twitter, on va partager une information tandis que sur Pinterest, on va regrouper sur des tableaux les photos que l'on aime et qui correspondent à un thème donné.

Dans les recherches que j'ai effectuées j'ai toujours été "ému" par deux choses : les décès d'enfants et le signatures de mes ancêtres.

Les décès d'enfants car étant moi-même père, je pense parfaitement savoir ce que peut représenter la perte d'un enfant. Surtout s'ils décèdent de maladies qui sont aujourd'hui si banales et très bien soignées ... Il y a une sorte d'injustice à laquelle je ne me ferai jamais ...

Mais, à part ces affaires tragiques, il y a les signatures de mes ancêtres car c'est une trace tangible de leur existence. Au-delà des actes décrivant leur état-civil ou la liste de leurs biens, au-delà de toutes les informations morphologiques que l'on peut trouver dans les registres de matricule, au-delà même des anecdotes rapportées par des tiers, la signature ou, plus généralement, les documents manuscrits ont une valeur particulière à mes yeux.


Ce sont les personnes elles-mêmes qui ont tenu la plume et qui ont tracé leur nom sur le papier ou le parchemin. L'écriture peut être hésitante, ferme, tremblante ou remplie de fioritures. C'est le reflet de leur personnalité.

On peut également voir les effets du temps en relevant les signatures d'une même personne année après année.
Même les "marques" laissées par nos ancêtres illettrés sont des traces concrètes laissées par nos ancêtres à la (à leur) postérité.

Je tiens donc (pensè-je) un sujet de partage sur Pinterest, les signatures et autres marques de mes ancêtres. A cette fin, j'ai donc créé un panneau dédié nommé "Signatures" qui vient en complément de celui qui recense les actes ou les autres actes manuscrits anciens, "Actes et écrits".

Si vous aussi, avez envie de partager ces signatures avec celles de vos ancêtres, rejoignez-moi sur Pinterest !

Pour aller plus loin : 



           

samedi 24 novembre 2012

Recensement et film généalogique

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J'étais en train de travailler sur mon prochain article consacré à la généalogie du père de mon arrière-grand-mère maternelle lorsque j'ai vu que le site des archives départementales de la Mayenne avait en ligne un grand nombre d'informations.

Parmi elles, deux sources ont retenu mon attention :
  • les recensements de population
  • la table de tous les mariages du département au XIXème siècle
Sur le premier sujet, j'ai déjà eu l'occasion d'en parler dans un article précédent (voir "Comment utiliser le Recensement pour retrouver un ancêtre"). Les relevés de la population faits tous les 5 ans sont une vraie mine d'informations.

Sur le second sujet, c'est un coup sévère porté à "la méthode de l'escargot", mais tellement plus rapide ...

J'ai donc utilisé ces deux outils pour apporter un éclairage nouveau sur la famille d'un de mes ancêtres, Jean Girault, cultivateur en Mayenne au XIXème siècle.


1) Jean Girault (1800-1878)

Jean Girault est né le 22 nivôse an VIII (23 janvier 1800) à Placé, petite commune de la Mayenne située presque à mi-chemin entre Mayenne et Laval, du mariage de Pierre Girault, cultivateur avec Françoise Mellier. Pour l'anecdote, la naissance est déclarée à la Maison Commune de Placé par le père qui est accompagné de son frère et de sa soeur, c'est dire à quel point la famille est heureuse d'avoir un héritier mâle !

En grandissant, Jean Girault reprend l'exploitation de ses parents et s'installe à la Chenevetterie, village comptant 2 habitations, dépendant dudit Placé.

Le 5 août 1833, alors âgé de 33 ans, il épouse Jeanne Gaudinière, elle-même âgée de 26 ans, une jeune femme originaire de Montflours, commune située à une dizaine de kilomètres au sud de Placé et située de l'autre côté de la rive de l'Âme. Jeanne Gaudinière est la troisième enfant du couple René Gaudinière et Jeanne Launay, des laboureurs aisés.

Après son mariage, elle vient habiter à la Chevenetterie.

De cette union naitront quatre enfants :
  • Jean Baptiste en 1834
  • Aimée Virginie en 1836
  • Pierre Joseph René en 1838
  • Eugène François en 1845

Jeanne Gaudinière décède le 22 avril 1871 à Placé, à l'âge de 64 ans et son mari, Jean Girault mourra 7 ans plus tard le 8 octobre 1878, également à Placé.

Voilà en gros ce que me donnent les différents registres d'état-civil ...

Mais que se passe-t-il lorsque je me plonge dans les recensements de la population de Placé ?

2) L'apport des Recensements

Tout d'abord, j'ai de la chance car la population de la commune de Placé a été recensée régulièrement tout au long du XIXème siècle et je peux donc disposer d'instantanés en 1836, 1841, 1846, 1851, 1856, 1861, 1866, 1872, 1876. Il en existe d'autres, mais je n'ai retenu que ceux qui concernent la période qui m'intéresse, celle qui va de 1833, date du mariage de Jean Girault avec Jeanne Gaudinière et 1878, date du décès de Jean Girault.

Ce qui est intéressant c'est que disposant de 9 photographies réparties sur 40 ans, je peux presque en faire un film !

Voici ce que donne le résumé :


On voit plusieurs choses très intéressantes.

Tout d'abord la famille s'agrandit à mesure que les enfants naissent. La chance que notre couple a eue est de ne pas perdre d'enfant en bas âge, ce qui fait que l'on voit arriver les enfants et qu'on les voit grandir. Puis entre 1851 et 1856, Aimée Virginie disparaît : décès ou mariage ? A ce stade de l'étude, difficile de savoir. Ensuite c'est au tour de Jean Baptiste de disparaître entre 1861 et 1866 et, à peu près au même âge c'est Pierre Joseph René qui quitte le giron familial.

En 1872, il ne reste que les parents et le petit dernier, Eugène François. Finira-t-il vieux garçon ? Que non, puisque c'est le père de mon arrière-grand-mère !

On voit ensuite l'effet du décès de Jeanne Gaudinière, qui n'est plus présente dans le recensement de 1872.

Il reste alors plusieurs points à éclaircir :
  • les causes réelles de la disparition de la maison des 3 enfants du couple
  • la présence en 1866 d'une petite-fille du couple, Eugénie Hay
On voit ici tout l'intérêt de cette lecture dynamique des recensements. On voit clairement se dessiner les mouvements au sein de la famille. L'autre force cette méthode, c'est que cela permet de circonscrire les recherches dans le temps. Par exemple, pour les "disparitions" des enfants, on peut chercher les actes de mariage ou de décès sur une tranche de dates plus restreintes que si on utilisait simplement les registres d'état-civil.

3) Quid des enfants du couple ?

C'est ici qu'interviennent les recherches sur la base des mariages proposée par les AD de ma Mayenne. On aurait certes pu s'en passer, mais elle fait gagner un temps incroyable.

Après quelques minutes montre en main, je trouve :
  • Jean Baptiste, qui épouse Emilie Savary à Placé le 22 avril 1865
  • Aimée Virginie, qui épouse Philippe Hay à Contest le 8 juillet 1854
  • Pierre Joseph René, qui épouse Marie Duchesne à Placé le 3 juin 1871
Dans les 3 cas, les enfants se sont donc mariés et ont quitté le domicile familial, laissant leur benjamin avec ses parents. Etonnante famille où non seulement ce n'est pas le fils aîné qui reprend la propriété familiale, mais où encore, la fille se marie dans la commune de son futur mari ! Bien que Contest touche Placé ...

Cela permet également de jeter un éclairage nouveau sur la présence d'Eugénie Hay, petite-fille du couple Jean Girault - Jeanne Gaudinière sur le recensement de 1866. Il est très vraisemblable qu'elle soit la fille d'Aimée Virginie. Mais pourquoi vite-elle chez ses grands-parents en 1866 ? Sa mère est-elle décédée ?

Allons à Contest pour y voir plus clair.

Dans cette commune, je trouve la descendance de Philiipe Hay et d'Aimée Virginie Girault qui suit :
  • Virginie Marie, née en 1856 et décédée 3 jours après
  • Jean Philippe Marie, né en 1857
  • François Jean, né en 1859
  • Pierre Marie Joseph, né en 1861
  • Virginie Augustine Eugénie Marie Désirée, née en 1863
  • Marie Rosalie Joséphine, née en 1865
  • Amélie Marie Rosalie, née en 1867
On a bien identifié notre Eugénie Hay, qui est celle affublée de rien moins que 5 prénoms, et née en 1863.Mais ses deux parents sont bien vivants en 1866 et ont encore des enfants après.

En suivant ma logique du début, j'ai regardé le recensement fait à Contest en 1866 et j'ai trouvé toute la famille au grand complet ! Y compris Eugénie ...

Je ne vois qu'une seule explication : les recensements à Contest et à Placé ne se sont pas passés en même temps, et lorsqu'il a eu lieu à Placé, Eugénie était chez ses grands-parents. Pour quelle raison ? Impossible de le savoir ...
Mais cela montre qu'il y a eu un doublon et qu'il faut se méfier des sources, fussent-elles très officielles !

4) Retour au recensement

La famille est maintenant clairement identifiée et on sait qui a quitté la maison, pourquoi et quand.

Reste que les recensements ont ceci de génial est qu'ils recensent tout le monde, y compris les domestiques qui sont considérés comme vivant dans la maison.

Dans le cas de mon couple Jean Girault - Jeanne Gaudinière, j'ai donc trouvé ceci :



Tout d'abord, il y a ce Julien Froger, entré au service du couple dès leur mariage et qui ne les quittera jamais. Au point que dans son acte de décès, en date du 5 février 1889, on a la mention suivante :
L'an mille huit cent quatre vingt neuf, le cinq février, (...) sont comparus Girault Pierre, cultivateur,âgé de cinquante ans, demeurant aux Guilmarais, commune de Placé, maître du décédé (...) lesquels nous ont déclaré que le trois février à onze heures du soir, est décédé aux Guilmarais en cette commune, Froger Julien, célbataire, domestique, cultivateur, âgé de soixante neuf ans et six mois (...)
Outre la mention de "maître" qui peut prêter à sourire à notre époque, il apparaît donc qu'au décès de son "maître" précédent, Julien Froger ait été employé à par son fils. De plus, Julien Froger est dit célibataire, ce qui explique sans doute qu'il soit resté si longtemps au service de la famille Girault.

On note en revanche la valse des jeunes filles domestiques ! On peut tout imaginer :
  • un travail d'appoint avant de trouver un mari
  • un poste qu'elles ont dû quitter car elles ne faisaient pas bien leur travail
  • un travail qu'elles ont dû quitter à cause de relations devenant compliquées avec Julien Froger ou un autre membre de la famille

Aucun élément ne permet de trancher.

Cependant, les recensements nous ont permis de pénétrer plus avant dans la vie de cette famille. On peut même se faire une idée de leur niveau de vie car la simple mention de "cuiltivateur" est vague, tandis qu'ici on découvre qu'ils avaient 2 domestiques à temps complet.

On découvre aussi la force des relations humaines avec la fidélité de Julien Froger, sans doute devenu au fils des ans, presque un membre de la famille à part entière.


Pour conclure, je dirais que s'il fallait démontrer la richesse des informations que l'on peut tirer des recensements de populations, il suffirait de lire cet article ! Grâce à ces informations, j'ai désormais une image assez complète du mode de vie de ces ancêtres !

Et vous, que vous a apporté l'exploitation des recensements de population ?

Pour aller plus loin : 


           

jeudi 22 novembre 2012

Petites histoires de voisinage

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Il y a quelques années, une personne de ma famille achetait une maison dans un village du Sud-Est de la France. Tout allait bien jusqu'au jour où elle vit sa voisine passer dans son jardin, le traverser et ressortir tranquillement ...

Interloquée, elle a été voir la voisine en question qui lui a dit qu'il existait un droit de passage sur ce jardin et qu'elle comptait bien le faire valoir ... On imagine sans peine le trouble causé par cette affirmation ! Quelqu'un pouvait donc impunément traverser sa propriété, à toute heure du jour et de la nuit, au prétexte qu'il existait un droit de passage ?

Après vérification, il est apparu que la voisine disait vrai et que le notaire avait omis de le préciser sur l'acte ...


Je me suis donc penché sur ce cas de droit de passage et ai retrouvé dans les archives familiales un tel document. Encore une fois, je vais utiliser ce prétexte pour faire un peu de généalogie ...


En route pour le Périgord de 1829, à la fin du règne de Charles X , à l'orée des Trois Glorieuses de 1830 ...

1) Les protagonistes

En ce 21 décembre 1829, Jean Dupuy dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises et Louis Faure décident d'enregistrer un acte passé sous seing privé qu'ils possèdent, en vue de formaliser un droit d'usage sur une bande de terrain située entre leurs deux propriétés.

Jean Dupuy est maître serrurrier et est le second fils d'autre Jean Dupuy, également maître serrurier et de Marie Jouvé. En 1829, Jean Dupuy est âgé de 31 ans et ses parents sont décédés depuis longtemps puisque son père est mort en 1814 et sa mère en 1799, un an après sa naissance.

Il a une soeur, plus âgée de 16 mois, Marie de qui descend mon épouse. Celle-ci est mariée à Pierre Bost depuis 1817 et a déjà une petite fille, Marie Bost, âgée de 4 ans. Elle vit avec son mari et sa fille à Jaufrenie, un petit village dépendant de la commune de Champagne où se passe l'histoire.

Jean Dupuy restera célibataire toute sa vie et décèdera à Champagne le 23 décembre 1872 à l'âge de 74 ans. Encore un qui aura connu tout au long de sa vie à peu près tous les régimes politiques possibles ...

Le second personnage de cette affaire est Louis Faure, propriétaire aubergiste au moment des faits. Il est né en 1798 du mariage de François Faure et de Françoise Chantre à Champagne. Le 24 février 1824, toujours à Champagne, il a épousé Françoise Védrenne. Il passera toute sa vie à Champagne et décèdera le 12 octobre 1866 à l'âge de 68 ans.

Au moment où il porte l'acte avec Jean Dupuy, il a le même âge que lui. Ce sont donc des personnes qui se connaissent bien dans la mesure où ils ont grandi dans la même petite ville et qu'ils ont le même âge.

2) Que nous apprend l'acte

La lecture de l'introduction de l'acte est claire :
(...) Ont comparu :
Sieur Jean Dupuy, maître serrurier et Sieur Louis Faure, propriétaire aubergiste, demeurant l'un et l'autre audit Champagne.

Lesquels ont déposé entre les mains de nous dit notaire un acte sous seing privé, écrit sur une feuille de papier, non timbrée ni enregistrée, de la dimension néanmoins du timbre de trente cinq centimes, daté de Champagne et du premier août mil sept cent quatre vingt, passé entre Monsieur François Roy, sieur de la Couture, notaire à Champagne, procureur du Comté de Bourzac, et Monsieur Jacques Péricaud, marchand audit Champagne, portant règlement entre eux au sujet d'un mur du bâtiment et d'un terrain en dépendant, formant son droit d'usage et détour d'échelle, nécessaire à son entretien, qui sera visé pour timbre et enregistré en même temps que ces présentes, portant ledit sous-seing, qui est écrit sans blancs, ratures ni interlignes (...)

L'histoire débute donc près de 50 ans plus tôt, en 1780, lorsque deux voisins ont établis entre eux une convention permettant à l'un des deux d'utiliser sur une partie du terrain de l'autre.


Mais en quoi cela nous concerne-t-il ?

La suite de l'acte répond à cette question :
(...) Lequel sous-seing privé, les comparants aujourd'hui propriétaires par contrats publics desquels il sera justifié au besoin, de la grange et autres bâtiments, qui ont appartenu audit Sieur Péricaud et qui ont donné lieu à ce même sous-seing privé, nous ont requis de le recevoir pour que nous eussions à le ranger au rang de nos minutes, pour en être délivré grosses et expéditions, à qui de droit (...)

En fait, il s'agit ni plus ni moins que d'officialiser une situation de fait existant entre deux voisins. En effet, l'acte initialement passé sous seing privé entre lesdits Roy et Péricaud n'avait pas d'autre valeur que celle que ceux-ci leur donnait.
Mais dans la mesure où les rédacteurs de cet acte ont disparu, et que de toutes façons, les biens concernés ont changé de main, il semblait utile de rendre officielle une situation qui existait de fait.

On peut maintenant s'interroger sur les raisons de cette volonté de régulariser : les deux protagonistes de cette affaire étaient-ils brouillés et voulaient-ils faire valoir un droit ? Je ne pense pas car rien ne transparaît dans cet acte. Voulaient-ils simplement rendre officielle une situation de fait ? C'est plus probable. En effet, en agissant de la sorte, ils pouvaient favoriser une vente future de la grange car elle aurait les moyens d'avoir son mur entretenu quel que soit le futur voisin. on peut également penser à un problème de bornage, tellement courant dans ces zones rurales ...

3) Flash-back

La lecture du sous-seing, qui est évidemment joint à l'acte, est intéressante car elle nous décrit précisément les lieux et les motivations qui ont conduit à sa rédaction.

(...) A été dit, déclaré et arrêté que comme moi, Sieur Péricaud, possède et suis propriétaire d'une grange que j'ai nouvellement fait bâtir dans ledit bourg de Champagne, laquelle d'un côté confronte avec le jardin dudit Sieur Lacouture, à la distance d'environ deux pieds de sol m'appartenant aussi, et que j'ai laissé pour la nourriture de mon mur, et pour recevoir les eaux pluviales tombant de ma charpente, en me conformant à ce qui est droit et d'usage en pareil cas, même pour avoir occasion d'approcher dudit mur de grange, à chaque fois que je pourrais en avoir besoin au moyen de l'ouverture pratiquée pour cela entre le coin de ladite grange et la muraille du jardin dudit sieur de la Couture, ayant vu que, sans me nuire ni me préjudicier, je pourrais laisser à icelui Sieur de la Couture, la faculté de passer, lui-même et les siens sur cet espace de terrain et de l'occuper, soit en l'employant à une allée de son jardin, ou en y semant même, de temps à autre, des herbes potagères et qu'en faisant il pourrait être avantageux pour lui de fermer entièrement l'entrée ou issue qui, ainsi que dit a été, se trouve aujourd'hui du coin de sa muraille de jardin, à celui de ma grange (...)

Je demeurerai néanmoins comme auparavant, propriétaire dudit espace de terrain et libre de l'occuper, moi-même, quand il me plaira, ainsi que d'occuper le passage et d'avoir le passage qu'aura fait fermer ledit Sieur de la Couture, n'entendant en conséquence lui donner qu'une possession précaire de ce qui peut m'appartenir, ou de ce qui vient d'être expliqué (...)

C'est un peu long mais je trouvais important de tout donner car j'avoue avoir été sidéré de constater le degré d'avancement du droit à cette époque. Nous sommes en 1780, au début du règne de Louis XVI . Pourtant on parle d'un espace à réserver aux abords d'une construction pour assurer que l'écoulement des eaux pluviales ne causera pas de dommages au voisinage !

L'autre réflexion que je me suis faite est que ce Mr Péricaud est bien sympathique. En effet non seulement il autorise gracieusement son voisin à utiliser la bande de terrain qui jouxte sa construction pour y planter des légumes ou y faire une allée, mais en plus il l'autorise également à fermer l'ouverture qui permet d'accéder à cette pièce de terrain, ce pour ne pas être gêné !
Quand on lit l'acte en entier, on constate également qu'il n'y a aucune contrepartie ! On aurait pas exemple pu imaginer que François Roy, sieur de La Couture, lui donne une partie des fruits et légumes qui auraient poussé sur cette langue de terre. Que nenni ! Rien !

Ou le Sieur Péricaud est gentil, ou il s'en moque, ou il veut faire plaisir à son riche voisin ... On ne le saura probablement jamais.

Toujours est-il que ce "cadeau" étant devenu un usage pendant près de 50 années (!), il était sans doute devenu nécessaire de clarifier les choses et d'y mettre bon ordre ! Comme par exemple de rappeler que la bande de terre touchant la grange faisait partie de ladite grange et pas du jardin.

Cet acte a donc eu le mérite d'éviter des querelles futures car il existe en droit une loi dite trentenaire qui dit que si vous entretenez une terre pendant 30 ans, elle finit par vous appartenir ...

Merci donc à ce cousin lointain qui a ainsi protégé les biens de sa famille et évité, sans le savoir, des problèmes de voisinage dans le futur !

Cela a également permis de plonger de manière très précise dans un moment de la vie de nos ancêtres, ce qui est extrêmement enrichissant car cela peut donner des éléments pour dresser un portrait psychologique de nos aïeux !

Et vous, disposez-vous d'actes de la sorte qui permettent une plongée dans la vie courante de vos ancêtres ?

Pour aller plus loin :


           

mardi 20 novembre 2012

Les légendes familiales à l'épreuve des faits ...

Pack Généatique 2012 - le cadeau idéal à faire à ceux qui veulent se lancer dans la généalogie !

Un jour, dans le passé, des faits se produisent. Puis le temps fait son oeuvre et les faits deviennent des souvenirs, qui se transforment en histoires que l'on se raconte pour finir en légendes.

Qui n'a jamais entendu parlé de l'ancêtre qui a tout perdu à la Révolution Française, d'un cousinage avec un personnage prestigieux, sans que l'on sache exactement qui est l'ancêtre commun ... Qui n'a jamais trouvé des notes d'un arrière-grand-père attestant que notre famille descend par les femmes de Charlemagne, preuves à l'appui ...

Je crois qu'une des missions du généalogiste est de tordre de cou à ces légendes souvent infondées. Bien sûr, parfois, les légendes sont avérées et les preuves tangibles que l'on amène sont alors notre Graal. Mais malheureusement (ou pas ...) ces cas sont rares.

J'ai lu récemment un article du blog le "Codex Gnoufique" où son auteur cherchait la vérité sur un éventuel lien familial entre lui et un personnage que la presse de l'époque avait surnommé le Vampire de Saint-Ouen, Henri Blot !

L'homonymie est parfois un piège dans lequel le généalogiste imprudent peut tomber. Ce n'est pas parce que vous vous nommez Deseize que vous êtes le descendant d'un fils illégitime de Louis XVI, où ce n'est pas parce que vous avez des ancêtres qui se nomment comme un personnage célèbre que vous êtes cousins ...

C'est ce qui s'est passé dans mon cas ...

I) Acte I - Et si c'était vrai ...

Ceux qui me suivent savent que dans ma branche paternelle, j'ai des racines dans l'Oise et qu'une de mes aïeules se nomme Marie Landru, épouse de François Debuire en 1674 à Béthisy-Saint-Martin. Marie Landru était la fille de Nicolas Landru et de Jeanne Grenier, vivant tous les deux en plein règne de Louis XIII.

Landru, ça ne vous dit rien comme nom ?

Henri Désiré Landru

Et si j'étais, par ma grand-mère paternelle, un cousin éloigné du Barbe Bleue de Gambais, Henri Désiré Landru en personne, respectivement comptable, entrepreneur de travaux, cartographe puis fondateur d'une fabrique de bicyclettes à pétrole, mais aussi escroc, voleur, kidnappeur et assassin de plusieurs femmes.

Cet homme qui, à la date du 25 février 1922, acheva sa vie coupé en deux par la guillotine dans la prison de Versailles, et qui mit fin (malgré lui ...) à la mode de la barbe longue chez les hommes, qui ne voulait pas ressembler à ce tueur en série.

Cet homme à qui on devrait le surnom de "Tartempion" pour désigner une personne quelconque, pseudonyme qu'il avait utilisé dans l'une de ses petites annonces ...

Bref, j'ai des ancêtres de l'Oise qui se nomment Landru, et il existe un homme "célèbre" qui se nomme également Landru à Paris au début du XXième siècle. Peut-il y avoir un lien ?

II) Acte II - Une convergence troublante

Le seul moyen pour découvrir la vérité est de faire la généalogie dudit Henri Désiré Landru.

Je vais être honnête, pour ce faire, j'ai mixé mes propres recherches avec ce que j'ai pu trouver sur le site Geneanet.org.

Henri Désiré Landru est donc né le 12 avril 1869 à Paris, au 41 de la rue Puebla dans le 19ème arrondissement du mariage de Julien Alexandre Sylvain Landru avec Marie Antoinette Flore Henriquel.

Son père était chauffeur aux Forges de Vulcain et pour une raison qu'on ignore il a mis fin à ses jours le 28 août 1912 au Bois de Boulogne à l'âge de 76 ans. Peut-être a-t-il mal supporté le décès de son épouse deux années auparavant ? Chose étonnante, il semble que son épouse soit décédée à Agen ...

Quand on s'intéresse aux parents d'Henri Désiré Landru, on trouve quelque chose de troublant (pour moi) :
  • Julien Alexandre Sylvain Landru est né le 17 février 1836 à Ferrières, dans l'Oise
  • Marie Antoinette Flore Henriquel est née le 29 septembre 1835 à Noailles, dans l'Oise

Premier point, ses parents sont donc tous les deux originaires de l'Oise, comme mes ancêtres Landru. Lorsqu'on regarde sur une carte on trouve aussi ceci :

Crédits : Google maps

Le père est issu de la frontière avec la Somme, la mère est issue d'une commune au Sud-Ouest et éloignée d'environ 40 km de celle de son futur mari. Quant à la commune de mes ancêtres elle est le troisième angle d'un triangle presque équilatéral.

Cela signifie donc à première vue que les Landru de ma famille sont peut-être bien des cousins de Barbe Bleue ...

Remontons l'histoire.

Julien Alexandre Sylvain Landru est le fils de Louis Lucien Landru, né le 19 mars 1817 à Cinqueux (Oise) et de Marie Félicité Adélie Flers, née le 1er juin 1808 à Ferrières (60). Les parents se sont mariés le 30 mars 1843 à Liancourt (60).

Regardons la carte à cette génération ...
Crédits : Google maps
A la génération précédente, on avait le fils qui était né à Ferrières (dans la commune d'origine de sa mère), à environ 35 km de Béthisy. Tandis qu'à cette génération, on découvre (avec effroi) que le père est né à Cinqueux, commune située à 20 km de Béthisy.

La convergence devient très troublante et l'angoisse de découvrir un cousin tueur en série augmente d'un cran ...

III) Acte III - La comète s'éloigne de la terre

Louis Lucien Landru est le fils de Marie Alexandre Landru et de Marie Angélique Richon.
Il est né à Cinqueux, mais, ce qui est étonnant, c'est que jusqu'à présent, tous les patronymes apparus me sont inconnus. Cela signifie donc que la naissance de Louis Lucien en 1817 à Cinqueux est peut-être fortuite ?

Il a une soeur, plus âgée que lui de 3 ans, qui est née le 24 mai 1814 à Gilocourt ! Or Gilocourt est une commune qui est à l'Ouest de Béthisy et qui, à peu de choses près est symétrique de Cinqueux par rapport à Béthisy.

Donc, s'il n'est pas du coin, Marie Alexandre Landru a bougé dans la région et a donc dû traverser Béthisy dans les années 1810. Bon cela faisait plus de 150 ans que mon ancêtre Marie Landru y était née, mais quand même ...

On trouve encore que Marie Alexandre Landru a épousé Marie Angélique Richon le 26 juillet 1808 à Clermont. Clermont est à une dizaine de kilomètres au Nord-Ouest de Cinqueux. Mais surtout l'acte de mariage indique que le futur est natif de la paroisse de Montdidier à 40 km au Nord-Ouest de Clermont. De plus, Montdidier est dans la Somme.

En fait, comme souvent, c'est le lieu d'origine de la future qui a été choisi par le couple pour se marier. En d'autres termes, on a Marie Alexandre Landru qui vient de Montdidier et sa future femme de Clermont.

La génération suivante confirme ce fait puisque les parents de Marie Alexandre, Lugle Luglien Landru et Louis Marie Madeleine Sellier sont de Montdidier.

Montdidier - le Saint-Sépulcre

Le boulet est passé près, car il semble donc que les origines de la famille Landru-Barbe Bleue se trouvent à Montdidier, paroisse du Saint-Sépulcre. On trouve le plus vieil ancêtre connu qui est Louis Landru, époux de Marie Boucher, qui est décédé le 17 octobre 1693 à l'âge de 89 ans à Montdidier, paroisse du Saint-Sépulcre. Mais son acte de décès ne précise pas son lieu de naissance ...
On sait toutefois que son épouse est morte une dizaine d'années plus tard le 26 décembre 1704 à Oudeuil, dans l'Oise à environ 45 km à l'Ouest-Sud-Ouest de Montdidier ...

Le doute reste donc permis d'autant que ce couple a eu au moins 8 enfants :
  • Louise, née en 1660
  • Pierre
  • Nicolas
  • Jeanne, née en 1668 à Montdidier
  • Mathieu, né en 1669 à Montdidier
  • Anne, née en 1671 à Morienval (à une dizaine de kilomètres à l'Est de Béthisy ...)
  • François, né en 1674
  • Louis, né en 1677
Quand on observe les dates de naissance, on constate que le père était âgé à la naissance de ses enfants (entre 54 et 71 ans !) A-t-il été marié avant ? A-t-il eu une autre descendance ? Beaucoup de questions, peu de réponses ...

Mon Nicolas Landru est décédé à Béthisy-Saint-Martin le 12 juillet 1691 à l'âge de 67 ans. Cela le fait donc naître vers 1624. Il est donc contemporain de Louis Landru.
Par ailleurs, il a épousé Jeanne Grenier le 16 juin 1654 à Verberie, ladite Jeanne Grenier étant née audit Verberie le 27 décembre 1634.
Il est donc possible qu'il soit venu d'une autre paroisse pour épouser Jeanne Grenier, d'autant que le patronyme Landru ne se trouve pas dans les registres de Béthisy ni dans ceux de Verberie ...

Au mieux, on peut donc imaginer que Nicolas et Louis étaient frères, l'un trouvant sa moitié à Montdidier dans la Somme, l'autre à Verberie dans l'Oise, mais on peut imaginer qu'ils ne soient que cousins, ou ... rien du tout !

Je ne dispose malheureusement pas d'éléments complémentaires pour prouver ou infirmer un quelconque lien de parenté entre eux.

IV) Epilogue

C'est dans de pareils instants que l'on éprouve une vive frustration car on ne dispose plus d'actes permettant de remonter un ou deux générations au-dessus de Nicolas et Louis.

Cette petite enquête aura quand même permis de montrer plusieurs choses :
Tout d'abord, il faut toujours pousser ses recherches jusqu'au bout. Si je m'étais arrêté à la naissance de Julien Alexandre Sylvain Landru, j'aurais pu, par extrapolation justifier un cousinage, presque certain avec mes Landru, or une génération plus tard, je voyais cette relation familiale s'éloigner.

Ensuite, il faut admettre que l'on ne saura jamais toute la vérité. Les archives de Béthisy-Saint-Martin s'arrêtent à 1674 et celles de Verberie qui vont beaucoup plus loin, ne sont en vérité que des tables récapitulant les baptêmes, mariages et sépultures, ce qui n'est déjà pas mal ... Quant à celles de Montdidier, elles s'arrêtent à 1668 pour ce qui concerne la paroisse du Saint-Sépulcre. On ne dispose donc pas d'acte correspondant à la période de naissance de Nicolas et Louis.

Evidemment, l'homonymie est un piège car un même nom peut être porté par des personnes complètement différentes et sans lien de parenté entre elles. Toutefois, il existe des noms plus rares qui sont forcément issus d'un ancêtre commun. Est-ce mon cas ? Je citerais deux exemples :
  • tous les Ménérat de l'Oise descendent de Joseph Ménérat (Menrad), soldat allemand fait prisonnier dans les années 1795 et qui a épousé Marie Geneviève Deneufmaison à Morcourt en 1799.
  • tous les Tremblay du Québec descendent d'une même personne, Pierre Tremblay marié à Ozane Achon

Dans le cas de mon enquête, il reste quand même des zones d'ombre :
  • Les Landru ancêtres d'Henri Désiré viennent de Montdidier dans la Somme, mais on n'a aucune certitude que le plus vieil ancêtre connu y soit né
  • Nicolas Landru mon ancêtre s'est marié à Verberie en 1654, et il est dit au moment de son mariage venir de Béthisy-Saint-Martin. Mais on ne sait rien de ses parents. En tout cas, à ce jour, je n'ai pas trouvé d'acte de décès de ses parents à Béthisy-Saint-Martin ... Sa famille était-elle donc vraiment de là ?
  • Le patronyme Landru est assez rare dans la région : Nicolas Landru est semble-t-il le seul porteur du nom dans les environs de Béthisy-Saint-Martin. Est-il donc vraiment d'ici ?
Il reste donc beaucoup de travail en exploitant au maximum les documents dont on dispose. Il faudrait par exemple essayer de trouver les mariages des frères et soeurs des Landru, qu'ils soient les "miens" ou ceux d'Henri Désiré. On trouverait peut-être des traces de leurs ascendants ...

Car, on trouverait peut-être un indice, une preuve qui ferait que si finalement, Henri Désiré Landru pourrait être mon cousin ...

Et vous, avez-vous retrouvé éclairci des légendes ? 

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