mardi 24 septembre 2013

Le cumul des mandats


En 1993, j’assistais au mariage d’un cousin et à cette occasion je discutais avec un grand-oncle, le frère aîné de mon grand-père maternel. Celui-ci me raconta que sa famille, quoiqu’originaire à première vue du Jura provenait en fait de la Marne, le « migrant » étant Gendarme à cheval et ayant eu un poste dans le Jura.

Les années ont passé et j’avais toujours cette information en tête. Le problème est que les Archives Départementales du Jura ne sont pas en ligne et que je me trouve trop loin pour y aller directement. Mais, lorsque j’ai participé au déménagement de ma grand-mère maternelle j’ai retrouvé, dans les papiers de mon grand-père, une petite fiche cartonnée où celui-ci avait soigneusement noté son ascendance agnatique jusqu’à un certain Pierre Jacquesson (sosa 2560), né vers 1650 à Hans dans la Marne.

Eglise de Hans - Crédits Wikipedia


Mon sang n’a fait qu’un tour car si les Archives du Jura ne sont pas ligne, celles de la Marne le sont et je savais approximativement où commencer mes recherches. En route donc pour la commune de Hans (qui se trouve être située à quelques kilomètres au Nord-Ouest de Valmy …) à la recherche de mes ancêtres Jacquesson.

La première découverte que j’ai faite c’est que l’ancêtre ayant migré de la Marne vers le Jura est Jean Louis Jacquesson (sosa 80), né en 1806 à Hans du mariage de Louis Victor Jacquesson (sosa 160) et de Marie Jeanne Lapotre (sosa 161).

Je dois dire que c’est avec une grande satisfaction que j’ai épluché les registres de cette paroisse car le curé de l’époque avait une vraie belle écriture et donnait moult détails sur les personnes qu’il mariait ou enterrait. Ainsi, j’ai découvert que Louis Victor Jacquesson (sosa 160), né le 14 mars 1772 à Hans de l’union de Louis Jacquesson (sosa 320) et Marie Sirot (sosa 321), occupait la fonction de domestique.
La première mention qui est faite de ce métier est dans son acte de mariage en date du 29 nivôse an IV (19 janvier 1796) et cela le suit jusqu’en 1805 où il devient manouvrier. Ensuite, il passe propriétaire en 1825 et finit sa vie comme cordier.

Une vie assez curieuse car il n’est pas courant qu’un domestique et manouvrier devienne propriétaire.

Mais en remontant à ses parents, je découvre que Louis Jacquesson était laboureur jusqu’à la Révolution Française pour ensuite devenir cultivateur. Changement de vocabulaire ou changement de statut ? Difficile de la savoir, toujours est-il que c’est en 1825 que mon Louis Victor Jacquesson (sosa 160) son fils devient « propriétaire », année de la mort de sa mère. Un peu comme s’il avait hérité d’un bien de ses parents !

Mais la vraie surprise est venue d’Etienne Jacquesson (sosa 640), le grand-père de Louis Victor et le père de Louis. En effet, ce dernier est déclaré comme laboureur entre 1782 et 1797 puis passe propriétaire jusqu’à sa mort en 1800. Mais surtout, il est déclaré comme Procureur fiscal en la justice et baronnie de Hans !

Procureur fiscal - Source Infini de France

En continuant mes recherches sur les autres ancêtres de mon Jean Louis Jacquesson, le fameux migrant, j’ai découvert des laboureurs qui étaient également des Lieutenants de justice, un notaire royal qui étaient un autre procureur fiscal, un laboureur-aubergiste et un laboureur qui occupait les fonctions de marguillier.

Bref, pour faire simple, quasiment tous les ascendants hommes de Jean Louis Jacquesson occupaient deux fonctions : une fonction qui constituait leur métier de base (laboureur, notaire royal) et une fonction honorifique (mais pas que …) comme Procureur fiscal, Lieutenant de justice ou Marguillier.

J’y vois un parallèle aujourd’hui avec des salariés ou des employeurs qui peuvent être conseillers aux prud’hommes ou des chefs d’entreprise,  juges consulaires ou membres d’une CCI.

   

Mais qu’étaient au juste ces fonctions ?

Le Procureur fiscal était celui qui représentait le « ministère public », autrement dit le Seigneur, et qui défendait ses intérêts dans les affaires relevant de la justice seigneuriale. Il était donc un juge de proximité qui intervenait dans les conflits locaux. Le Procureur fiscal était nommé par le Seigneur.

Le Lieutenant de justice était l’adjoint du juge qui, selon les régions se nommait le prévôt, le sénéchal ou le bailly. En cas d’absence de celui-ci, il pouvait le remplacer. Le Lieutenant était également nommé par le Seigneur.

Le Marguillier était un laïc membre du conseil de fabrique et était chargé de l’administration des revenus de la paroisse. Il était élu parmi les notables de la ville et réglait les tarifs des bancs, des inhumations, des mariages, etc.. Bref, il avait un véritable pouvoir au sein de la paroisse car il tenait les cordons de la bourse !


Dans le cas présent  on a donc une famille de notables qui a eu la fâcheuse tendance à ne se marier qu’entre-soi. La conséquence est que sur la paroisse de Hans et sur celle de Saint-Rémy-sur-Bussy, près de 70% des actes concernent des membres de la famille ou de ses alliés !
Personnellement, je pense que Louis Victor Jacquesson et de Marie Jeanne Lapotre n’ont pas nécessairement vu la Révolution Française d’un bon œil car tout leur réseau d’influence a été cassé à cette époque. Sans doute que si la Révolution n’avait pas eu lieu, leur descendance aurait continué à progresser et à s’allier à d’autres familles encore plus prestigieuses, mais l’histoire est ainsi faite …

Ainsi, en partant d’une simple fiche cartonnée laissée par mon grand-père dans ses affaires, j’ai donc pu commencer à défricher une branche dont je ne connaissais rien et découvrir une vie locale très bien organisée.
En effet, le monde sous l’Ancien Régime ne se limitait pas à des Nobles qui passaient leur vie à chasser et à faire la guerre, à des curés qui percevaient la dîme sans rien faire et à un Tiers-Etat laborieux. Non, le « tiers-état », tout roturier qu’il était pouvait, par sa notabilité, par son savoir et son éducation (tous les ancêtres cités dans ce billet, hommes et femmes savaient signer et avaient une signature fort élégante) progresser et participer de manière active à la vie de la cité. Un véritable contre pouvoir donc.

Mes ces tâches administratives ne pouvaient se faire qu’en parallèle de leur vie courante, qui les faisait vivre. En quelque sorte, un cumul des mandats avant l’heure ?


Et vous, avez-vous des ancêtres « cumulards » ?



Pour aller plus loin :   
           

mardi 17 septembre 2013

4 mariages et 1 enterrement bis


Il y a deux semaines je parcourais les confins de la Mayenne pour y retrouver les traces du décès de mon ancêtre Louise Lenain. Or, après avoir « bouclé » cette branche provisoirement, j’ai décidé de repartir plus à l’est dans les terres fertiles de l’Oise où une autre branche (paternelle) s’est développée.

Il me restait en effet quelques actes à trouver pour parfaire la génération 7 de cette branche dont le leader est Pierre Rieul Victor Debuire, le sosa 72 de mes enfants.
Parmi ces actes, il y en a un que je n’ai pas encore découvert et qui l’acte de décès de Jean Antoine Barbier (sosa 78), maçon de son état et qui est né le 14 mars 1803 (23 ventôse an XI) à Béthisy Saint Pierre dans l’Oise du mariage de François Barbier, également maçon et Marie Catherine Charlotte Lefevre.

Une Noce chez le photographe.
Pascal Adophe Jean DAGNAN-BOUVERET

© Photo RMN-Grand Palais - R. G. Ojeda


Etant donné que le citoyen Jean Antoine Barbier est né en 1803, il est fort probable que je puisse trouver son acte de décès sur les archives en ligne de l’Oise car celles-ci sont disponibles jusqu’à 1932 pour certaines communes !
Reste à trouver dans quelle commune il a rendu son dernier souffle.

C’est ci que commence mon enquête et les interrogations. Car disons-le tout de suite, à ce jour, je n’ai pas encore trouvé cet acte de décès, mais j’ai en revanche découvert autre chose qui me semble tout aussi important et intéressant …


Le point de départ

Comme souvent, le point de départ est l’acte de naissance du sosa 36, à savoir Agathe Clémentine Barbier qui naît le 5 février 1846 à Béthisy Saint Martin.

Oui, j’ai bien écrit « Béthisy Saint Martin » et pas « Béthisy Saint Pierre ». Les deux communes, anciennement deux paroisses sont disjointes quoique voisines d’environ 2km. La mère d’Agathe est Marie Ismérie Honorine Desain, native de Béthisy Saint Martin, ce qui explique donc pourquoi elle y a épousé Jean Antoine Barbier le 28 décembre 1844 et qu’Agathe y est née.

Seulement voilà, lorsqu’on lit l’acte de mariage de Marie Ismérie Honorine Desain d’avec Jean Antoine Barbier, on y découvre que celui-ci est veuf en premières noces de Marie Louise Julie Caron, décédée à Béthisy Saint Pierre le 17 avril 1835 et en secondes noces de Marie Augustine Desain, décédée à Béthisy Saint Martin le 23 juillet 1844.

Béthisy St Pierre et ses environs - Crédit ViaMichelin


Cette première découverte m’amène plusieurs réflexions :
  • Jean Antoine Barbier s’est déplacé à plusieurs reprises entre Béthisy Saint Martin et Béthisy Saint Pierre, ce qui signifie qu’il devait être assez libre de ses mouvements et donc « prendre » des chantiers non nécessairement situés dans sa commune de résidence
  • Sa seconde épouse se prénommait Marie Augustine et la troisième Marie Ismérie Honorine, de plus elles avaient le même patronyme. Cela montre tout l’intérêt de noter systématiquement tous les prénoms des personnes qu’on découvre au fil de ses recherches !
  • Il ne s’est écoulé que 5 mois entre le décès de sa seconde épouse et son remariage. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas perdu de temps !


Sur les traces de Jean Antoine Barbier

Ayant découvert deux épouses avant l’actuelle, mon travail a été de chercher à en savoir plus sur elles. Aussitôt dit, (presque) aussitôt fait !

Il comme donc par épouser Marie Louise Julie Caron le 12 octobre 1824 à Béthisy Saint Pierre. Jusque là on est dans un fonctionnement « normal », à savoir qu’il épouse une fille de sa commune et qui a sensiblement le même âge que lui puisqu’elle est âgée de 19 ans et lui de 21 ans.

De cette union naîtront 3 enfants :
  • Etienne Antoine Alphonse, le 25 septembre 1826
  • Louise Alphonsine, le 25 août 1827
  • Julie Angélique Delphine, le 2 septembre 1831

Et après ?
Rien car Marie Louise Julie Caron décède le 17 avril 1735 à Béthisy Saint Pierre, à l’âge de 29 ans. Probablement qu’elle est décédée d’une infection car c’est tout de même assez jeune !

Mais avec trois enfants sur les bras qui ont respectivement 8 ans et demi, 7 ans et demi et 3 ans et demi, que faire ? Se remarier, pardi !

Et c’est ainsi que 3 mois après avoir mis sa femme en terre ( !), il épouse le 29 juillet 1835 Marie Augustine Desain, mais cette fois à Béthisy Saint Martin ! Marie Augustine est elle-même native de cette commune et y a vu le jour en 1814, elle a donc 21 ans lors des noces alors que Jean Antoine a lui 32 ans …

Cette union sera fertile car 5 enfants naîtront :
  • Antoine, le 31 mai 1836 à Béthisy Saint Pierre, mais y mourra le 4 juin de la même année
  • Marie Augustine Rosalie, le 4 septembre 1837 à Béthisy Saint Martin, mais y mourra le 16 septembre de la même année
  • Alexis Simon, le 28 octobre 1838 à Béthisy Saint Martin, mais y mourra un an après le 14 octobre 1839
  • Ambroisine, le 24 août 1840 à Béthisy Saint Martin
  • Pierre Antoine, le 17 août 1843 à Béthisy Saint Martin

A ce stade de la vie de Jean Antoine Barbier, il en est à 2 femmes et 8 enfants dont 5 sont toujours vivants en 1843. Mais le destin semble s’acharner sur lui car le 23 juillet 1844, Marie Augustine Desain décède brutalement. Son acte de décès dit effectivement qu’elle a été retrouvée morte dans la commune de Béthisy Saint Martin un soir … Alors ? Crise cardiaque ? Agression ? A ce stade, pas d’information.
Toujours est-il qu’elle quitte ce monde âgée  d’à peine 30 ans, comme celle qui l’avait précédée …


La vie continue

On raccroche les wagons avec mon ancêtre …

En effet, 5 mois après ce décès, Jean Antoine Barbier qui est toujours à Béthisy Saint Martin, épouse Marie Honorine Ismérie Desain qui se trouve être une cousine de celle qui l’a précédée … Notre Jean Antoine a alors 41 ans et son épouse 33 ans puisqu’elle est née le 19 juin 1811 à Béthisy Saint Martin.

Cette union sera de courte durée car deux enfants seulement naîtront :
  • Agathe Clémentine, le 5 février 1846 à Béthisy Saint Martin
  • Henry Maxime, le 15 juillet 1847 à Béthisy Saint Martin

Pourquoi seulement deux enfants ? Tout simplement parce que leur mère décède le 11 avril 1849 audit Béthisy Saint Martin, à l’âge de 38 ans !

Sincèrement, je n’aurais pas aimé être à la place de mon ancêtre qui devait sérieusement se poser des questions sur une éventuelle malédiction le concernant et qui se retrouvait à la tête d’une petite tribu de 7 enfants dont l’aîné avait 23 ans et le petit dernier pas encore 2 ans !


Bis repetitas

Je n’osais y croire et pourtant il l’a fait : Jean Antoine Barbier s’est remarié une quatrième fois ! Cette fois-ci ce sera Catherine Angélique Tourneur, ce sera le 28 janvier 1850, 9 mois après le décès de mon sosa 79 et à Béthisy Saint Pierre.

Retour à la case départ donc, mais avec quelques années de plus puisqu’il a maintenant  47 ans (et sa femme 25 …)

Mais comme Jean Antoine n’épouse pas que pour élever les enfants des autres, il en a 5 avec sa nouvelle épouse :
  • Angélique Olympe, le 17 décembre 1853 à Béthisy Saint Martin (et oui …), mais qui y décède 9 mois plus tard le 4 septembre 1854
  • Cécile Elisabeth, le 11 novembre 1855 à Béthisy Saint Martin
  • Jean Antoine, le 24 avril 1858 à Béthisy Saint Martin, mais qui y mourra le 16 juin de la même année
  • Louis, le 27 septembre 1859 à Orrouy, à environ 3 km de là
  • Angélique , le 3 août 1861 à Orrouy, mais qui y décèdera le 14 août
Pour le moment cela s’arrête là.
Mais à ce stade, Jean Antoine a quand même eu 4 femmes et 15 enfants dont 9 atteignent l’âge adulte.

La lecture des recensements de population d’Orrouy montre qu’en 1872 il habite aux Eluats, un quartier d’Orrouy, qu’il est indigent et qu’il a encore 3 enfants avec lui …


Conclusion, pas définitive

Quelle vie !
Jean Antoine se sera donc pas mal déplacé pour finir sa vie quelque part dans l’Oise, probablement dans un hospice à Compiègne ou à Crépy en Valois, c’est ce qu’il me reste à trouver, car je n’ai pas de trace de son décès à Orrouy …

Mais ce que ces recherches m’ont montré, c’est que les mariages se faisaient souvent par nécessité car j’ai du mal à croire à des coups de foudre à répétition quelques mois après la mort de sa femme ! Et puis, on imagine le qu’en-dira-t-on … Il devait avoir une sacré réputation de barbe-bleue !  Enfin, autre enseignement, nos ancêtres pouvaient se déplacer souvent au cours d’une vie : pas forcément très loin, mais suffisamment pour qu’on perde leur trace …

C’est le relevé systématique des naissances des enfants qui permet d’établir une time-line assez fine dans la mesure où entre 1824 et 1861, il ne s’est pas passé une ou deux années sans qu’un acte marque sa vie, j’ai donc pu suivre sa trace sur près de 37 ans !

A suivre donc, pour qu’après ces 4 mariages, je puisse mettre la main sur son enterrement !


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Pour aller plus loin :

           

mardi 10 septembre 2013

Soyons organisés !


Si j’ai bien compris le thème proposé ce mois par Sophie Boudarel, il s’agit de parler d’organisation … Plus précisément, de la façon dont nous sommes organisés (ou pas) dans le cadre de nos recherches généalogiques.

Vaste sujet s’il en est car, en ce qui me concerne, mon organisation a suivi l’évolution de mes recherches et, de manière concomitante, la technologie ! Mais, en préparant ce billet, j’ai fait marcher mes souvenirs et il est apparu que la forme de mon organisation interne avait évolué tandis que le fond était resté peu ou prou identique.



La seule chose qui change vraiment par rapport à mon organisation d’origine c’est qu’à de rares exceptions près, je ne travaille que sur support informatique …


Principe 1 : un nom, un dossier

Malgré le risque que cela représente, j’aime bien tout avoir sous la main quand je « travaille » à mes recherches. Mais avec les années, la liste des actes et des documents que j’ai trouvés a augmenté de manière exponentielle (pour ne pas dire hyperbolique). Il a donc fallu que je range tout cela pour m’y retrouver.

C’est ainsi que j’ai créé sur mon PC un dossier « Généalogie » qui contient plusieurs dossiers (265 au moment où j’écris ces lignes) consacrés chacun à un patronyme. J’ai donc un dossier « Barbier », un dossier « Ménerat », etc.. Et dans ces dossiers je range tous les actes d’état-civil ou paroissiaux que je trouve et qui se rapportent à un porteur de ce nom.
Pour retrouver le fichier, je le nomme très simplement « AAAAAA YYYY MM DD » où :
  • AAAAAA est la patronyme
  • YYYY est l’année de l’acte
  • MM est le mois de l’acte
  • DD est le jour de l’acte
Le classement alphabétique me donne alors une liste chronologique dans laquelle se croisent pêle-mêle plusieurs générations mais cela n’est pas grave car dans la mesure où je ne transcris que les actes concernant mes ancêtres, il n’y en a finalement pas tant que ça par patronyme.

J’ai également créé des dossiers particuliers :
  • Lieux
  • Patronymes
  • Monographies
  • Signatures
Où je range les informations liées à des lieux, à des patronymes (recherches faites par des tiers sur des patronymes pouvant m’intéresser), des monographies (souvent très intéressantes car comportant des détails permettant – parfois – de débloquer des situations) et mes fameuses signatures d’ancêtres …


Principe 2 – mon logiciel de généalogie, le cœur du système

Personnellement j’utilise Family Tree Maker, logiciel édité par Ancestry et qui est, selon moi, le meilleur logiciel de la terre ;-) En fait j’avais démarré avec Heredis en 1998, mais le temps venant, je trouvais que cela ne me convenait plus et je suis tombé sur cette version de FTM qui me va parfaitement.

En fait, j’essaie d’utiliser le logiciel à fond, c’est-à-dire que pour chaque fiche je saisis tout ce que je peux : les informations de base, bien entendu, mais également les références des actes trouvés (nature de l’archive, côte, vue, etc.), les noms des parrain et marraine, des témoins, … Bref, tout ce qu’il est possible de mettre, je le mets.
Ce qui est pratique sur ce logiciel c’est qu’on a en permanence sous les yeux, un champ d’informations de type texte dans lequel on peut mettre ce qu’on veut au format txt. C’est donc là que je copie les transcriptions des actes concernant la personne de la fiche.

Une fiche type ...


Je me retrouve donc avec, en permanence, toutes les informations dont j’ai besoin sous les yeux ! Et cela m’évite de devoir retrouver la transcription originale de l’acte dans mes dossiers.
Comme sur ce logiciel je peux mettre des photos, j’y mets également, mais uniquement pour les actes antérieurs à 1789, les scans des actes originaux.


Principe 3 – Une synthèse … synthétique

Tout cela est bien, mais comme j’aime avoir une vision encore plus globale, je me suis construit, à mes débuts, un fichier Excel que j’enrichis chaque jour (ou à chaque trouvaille). Ce tableau est très grand puisqu’il contient toutes les informations de base pour tous les ancêtres jusqu’à la génération 15.
J’y ai mis :
  • la génération
  • le sosa
  • le nom et prénom
  • la profession
  • l’année de naissance
  • l’année de mariage
  • l’année de décès
  • l’âge au mariage (calculé)
  • l’âge au décès (calculé)
  • la commune/paroisse de naissance
  • le département de naissance
  • la commune/paroisse de décès
  • le département de décès
Exemple du fichier de synthèse


Chaque branche est d’une couleur différente, ce qui me permet en un coup d’œil de voir les informations suivantes :
  • où suis-je ? A la génération 10, un patronyme ne permet pas, a priori, de savoir où on se trouve dans l’arbre, les couleurs par branche et les communes sont précieuses
  • ai-je un trou ? S’il manque une année (naissance, mariage ou décès), je sais exactement ce qu’il faut chercher. D’ailleurs, la vraie satisfaction est quand pour une branche donnée, j’ai une génération « pleine »
  • faire des stats ! J’ai sans doute fait trop de maths dans ma vie, mais cela me permet de trouver les âges moyens par génération pour les mariages et décès, les moyennes d’années de naissance, etc..
Bref, cette synthèse me permet surtout de savoir ce qu’il me reste à faire, et Dieu sait que j’ai plus de cases vides que de pleines (il faut dire que se fixer la génération 15 nous mène à la fin du XVIème siècle, à une époque allant de Henri III à son cousin/ex-beau-frère Henri IV, ce qui est plus qu’ambitieux !).


Principe 4 – La rigueur c’est toujours !

Alors, quand je trouve un acte qui concerne un ancêtre, je commence par le transcrire dans un fichier Word nommé comme indiqué dans le Chapitre 1 de ce billet, puis, je le scanne éventuellement.

Ensuite, commence l’analyse : je cherche tous les éléments susceptibles de m’aider dans des recherches futures et renseigne mon logiciel de généalogie avec toutes ces informations. Je numérise le cas échéant les signatures que je range dans le dossier qui leur est consacré.
Enfin, je mets à jour ma synthèse Excel et, satisfait, je vais me faire un thé !

Puis, tel Sisyphe, je recommence mon travail.

Voilà, vous savez tout …

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Pour aller plus loin :
           

mardi 3 septembre 2013

4 mariages et 1 enterrement


Je ne sais pas pour vous, mais j’ai toujours pensé que les actes les plus difficiles à trouver étaient les actes de sépulture ou de décès.

En effet, les actes de naissances peuvent se trouver à partir du moment où on dispose de l’acte de mariage ou de décès de la personne car ces derniers indiquent souvent la paroisse ou la commune de naissance et l’âge approximatif.
Pour l’acte de mariage, on peut le déduire à partir de les actes de naissance des parents et des enfants du couple, en faisant l’hypothèse (très souvent bonne) que les enfants sont « légitimes ».

4 mariages et 1 enterrement ...


Mais quand arrive l’acte de décès, c’est une autre histoire : les personnes ont pu déménager, aller vivre chez un de leurs enfants, mourir dans un hospice ou à la guerre. Et puis on dispose rarement d’indications portées sur les actes de naissance ou de mariage concernant le décès de la personne.
La recherche de l’acte de décès s’apparente donc souvent à une enquête minutieuse où chaque détail compte et où chaque pièce du puzzle est importante.

Le billet de cette semaine concerne l’acte de décès de Louise Ambroise Lenain, le sosa 373 de mes enfants, née le 24 mai 1750 à Martigné dans la Mayenne du mariage de Louis Lenain et de Jeanne Verger, eux-mêmes mariés audit Martigné le 31 juillet 1749. Elle est donc la première enfant du couple.

Les Lenain sont une famille de laboureur et Louise Ambroise n’échappe pas à la règle : lorsqu’elle épouse à 16 ans René Gaudinière le 17 juin 1766 à Martigné, on apprend que ce dernier est également laboureur …

A départ de mon enquête, je dispose de peu d’informations sur cette femme car la seule chose que je connais d’elle est qu’elle a eu au moins 8 enfants de son union avec René Gaudinière :
  • René Jean, né le 24 mars 1768 à Martigné et décédé le 6 mai 1768 au même endroit
  • René, né le 28 mars 1769 à Martigné (le sosa 186)
  • Jean, né vers 1773
  • Louis, né vers 1779
  • Michel, né le 18 octobre 1780 à Martigné
  • François, né le 30 avril 1784 à Martigné
  • Jeanne, née également le 30 avril 1784 à Martigné
  • Pierre, né le 19 mai 1789 à Martigné

Pour commencer, je sais donc qu’elle est décédée après 1789, c’est-à-dire à au moins 49 ans. Ce n’est pas vieux, mais les temps anciens nous montrent que mourir jeune n’était pas une exception. Aussi, décéder à 50 ans est parfaitement probable.
Seulement, trouver son acte de décès n’est pas aisé car les tables décennales ne commencent qu’en 1802 et une rapide lecture sur celles de Martigné ne donne rien …
Si j’ai intitulé ce billet du nom du célèbre film « 4 mariages et 1 enterrement », c’est bien qu’il m’a fallu ces 5 événements pour résoudre mon problème.

1)    1807 – Enterrement de René Gaudinière père

Le 4 juillet 1807, René Gaudinière son époux, décède à Martigné.

Cet acte m’apprend que Louise Ambroise Lenain est toujours en vie à cette époque et que deux de ses fils sont toujours vivants : René qui vit à Monflours et Jean qui vit à Martigné.

En 1807, Louise Ambroise Lenain a 57 ans. A cet âge trois options s’offrent à elle :
  • se remarier pour disposer d’un toit et de revenus
  • vivre seule de ses mains (son défunt mari était laboureur et sa famille travaillait la terre ; elle devait donc mettre la main à la pâte …)
  • vivre chez un de ses enfants

Encore une fois, la lecture des Tables Décennales de Monflours ne donne rien : l’enquête continue.

2)     1810 – Mariage de sa fille Jeanne

Le 22 février 1810, Jeanne épouse Julien Leroy à Martigné.

Dans l’acte de mariage, il est indiqué que sa mère est toujours vivante et vit comme fermière à Martigné.
Il semble donc qu’elle ait choisi l’option 2, à savoir,  être autonome et vivre de son travail … Mais pourquoi diable ne trouvais-je pas de trace d’elle à Martigné ?

3)    1813 – Mariage de son fils François

Le 13 janvier 1813, François épouse Françoise Gaudinière, sans doute une lointaine cousine car les deux sont de Martigné.

Là encore, Louise Ambroise est citée comme vivant à Martigné. Elle a alors 63 ans, ce qui est un âge avancé pour l’époque.

4)    1813 – Mariage de son fils Pierre

Le 10 février 1813, son fils Pierre épouse Marie Renée Noyer.

Ce mariage serait sans « intérêt » pour mon enquête (dans la mesure où je sais déjà que Louise Ambroise est toujours vivante en 1813) si l’officier d’état-civil n’avait eu la bonne idée d’y adjoindre l’acte par lequel Louise Ambroise Lenain consentait au mariage de son fils avec ladite Marie Renée Noyer.

Voici ce qu’il dit :
"Par devant M° Godefroy et son collègue, notaires impériaux à la résidence de la ville de Mayenne, soussignés

Est comparue Louis Lenain, veuve de René Gaudinière, fermière, demeurant au lieu métairie de Tesnières, commune de Martigné, département de la Mayenne

Laquelle a par ces présentes donné son consentement pur et simple au mariage que Pierre Gaudinière son fils majeur et légitime se propose et est sur le point de contracter avec Marie Renée Noyer, fille mineure et légitime de René Noyer fils et Marie Launay son épouse, demeurant en ladite commune de Martigné.

Consentant ladite comparante que son dit fils célèbre ledit mariage quand il jugera à propos et qu'il fasse pour ce tout ce qui sera nécessaire, approuvant tout ce qui sera fait en conséquence.

Dont acte, fait et passé au domicile et demeure de la comparante, l'an mil huit cent treize le sept février.

Après lecture faite, ladite comparante, les notaires ont signé, quant à elle, elle a déclaré savoir signer mais ne le pouvoir, attendu qu'elle a le bras et la main droite paralysés."

Détail intéressant : Louise Ambroise Lenain, plus toute jeune (selon les critères de l’époque), et sans doute usée par son travail (la notion de pénibilité n’existait pas encore …) souffrait d’une paralysie du membre supérieur droit. A quoi cela était-il dû ? Arthrose ? Suites d’un AVC ? Impossible de savoir en l’état, mais cette caractéristique permet d’enrichir la fiche de Louise Ambroise Lenain, à défaut de donner son acte de décès …

5)    1815 – Mariage de son fils Michel

Le 6 juin 1815, moins de 2 semaines avant la fin de l’Empire, Michel épouse Michelle Delière toujours à Martigné !

Encore une fois, l’acte de mariage donne Louise Ambroise Lenain vivante et demeurant à Martigné !

6)    Un peu de chance et de réflexion …

Après 4 mariages et un enterrement, j’en suis au point où je sais qu’en 1815, alors âgée de 65 ans, Louise Ambroise Lenain, veuve depuis 8 ans, paralysée du bras droit, vit toujours à Martigné.
Selon toute vraisemblance, son décès ne doit être loin, mais les Tables Décennales de Martigné restent muettes …

Jusqu’à ce que je souvienne de mon enquête sur l’acte de décès d’Anne Françoise Levayer que j’avais fini par trouver sous celui d’Anne Françoise Vayer (relire "Les voyages forment la jeunesse"), le « le » ayant disparu lors de la rédaction de l’acte.
Je me suis alors dit que la même chose avait pu arriver à ma Louise Ambroise Lenain et qu’il faudrait peut-être chercher à « Nain ». Après tout, le « le » étant soit accroché au nom, soit détaché, pouvait très bien disparaître le temps d’un acte …

Les Tables Décennales de Martigné, relues une fois de plus, me donnent alors une Louise Nain, décédée à Martigné le 4 avril 1818.
La lecture de l’acte correspondant ne laisse aucun doute et c’est bien mon sosa 373 :

"L’an mil huit cent dix huit, le quatre avril à neuf heures du matin

Par devant nous Pouteau Pierre, Maire Officier Public de l’Etat-civil de la commune de Martigné, canton de Mayenne et département de la Mayenne, sont comparus

Gaudinière René, laboureur, âgé de quarante sept ans, demeurant commune de Monflours, canton d’Argentré, département de la Mayenne, fils de la décédée ci-après nommée, et Gaudinière François, laboureur, âgé de trente trois ans, fils de la décédée ci-après nommée, demeurant en cette commune de Martigné

Lesquels nous ont déclaré que le jour d’hier à deux heures du matin, Le Nain Louise, cultivatrice, âgée de soixante cinq ans, née à Martigné, en son vivant veuve de René Gaudinière et fille de feu Louis Le Nain et de défunte Jeanne Verger, ses père et mère, est décédée ledit jour d’hier à deux heures du matin ci-devant dit en son domicile au village des Bonière en cette commune de Martigné

Et ont les déclarants signé avec moi le présent acte de décès suivant la loi, après qu’il leur a été fait lecture."

On notera que bien que le nom inscrit dans la marge de l’acte soit « Louise Nain », c’est bien « Le Nain » qui figure dans l’acte …

Voilà donc une enquête qui s’achève et qui m’a permis de retrouver cet acte manquant. J’aurais certes pu chercher directement à « Nain », mais non seulement je n’y ai pas pensé sur le coup, mais les « 4 mariages et 1 enterrement » m’ont permis de restreindre le champ de mes recherches et de découvrir une information intéressante sur cette femme.

Moralité : il faut parcourir toutes les pistes possibles car elles peuvent permettre de trouver des éléments auxquels on ne pensait pas, à défaut de donner la réponse à la question qu’on se pose !

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