mardi 22 avril 2014

Puzzle généalogique


Parfois, je vois la généalogie comme un puzzle. Un puzzle un peu particulier dont les pièces existeraient presque toutes et qui seraient dispersées dans plusieurs boîtes localisées dans différentes chambres d’une grande maison.

L’avantage est que si on dispose de suffisamment de pièces, on peut alors presque recréer presque complètement les quelques pièces manquantes et ainsi, au final, disposer du tableau complet.

Pour illustrer ce propos, voici le résultat de quelques recherches que j’ai effectuées sur la branche de ma grand-mère paternelle. La personne dont j’ai commencé à reconstituer le puzzle de la vie est Anne Brulant, née le 5 octobre 1681 à Béthisy Saint Pierre dans l’Oise.

Cabaret sous l'Ancien Régime - Source France Pittoresque


Anne Brulant n’est pas dans mon ascendance, mais est alliée à mes ancêtres Simon Caron et Marguerite Bergeron (sosas 2040 et 2041 de mes enfants) puisqu’une de ses filles (Anne Carrier) a épousé un des fils de ce couple, Pierre Caron, frère de la sosa 1020 de mes enfants.

Pourquoi m’intéresser à elle ? Tout simplement parce que je dispose de beaucoup de « matière généalogique » à son égard et qu’elle a eu une vie que je trouve très intéressante, lui faisant fréquenter la bourgeoisie locale en dépit de sa naissance somme toute assez modeste.

Toutes les informations que j’ai pu recueillir à son sujet proviennent des registres de BMS de la paroisse. Ces informations concernent non seulement sa personne, mais également des personnes dont elle a été proche, ce qui montre (est-ce nécessaire) que l’étude des collatéraux est souvent très riche !

Qui est Anne Brulant ?

Anne Brulant est la quatrième enfant du couple formé par Nicolas Brulant, tour à tour hôtelier, cabaretier et marchand hôtelier de Béthisy Saint Pierre, et Marguerite Colas. Elle a été baptisée en l’église de Saint Pierre le 5 octobre 1681, son parrain étant Mahier Graux et sa marraine Anne Chrestien, de la paroisse voisine de Béthisy Saint Martin.

Elle a un frère et trois sœurs :

  • Nicolas, qui a été baptisé le 22 septembre 1672
  • Magdeleine, qui a été baptisée le 1 septembre 1675
  • Louise, qui a été baptisée le 8 mai 1678
  • Marie Catherine, qui a été baptisée le 11 août 1687


Son père n’est pas originaire de Béthisy Saint Pierre car avant lui, aucun Brulant ne figure que les registres de cette paroisse. En revanche, il doit probablement son installation dans le bourg à son mariage avec Marguerite Colas car celle-ci est vraisemblablement (les dates et le nom correspondent, mais pour le moment, je n’ai pas plus d’éléments de preuve) la fille de Nicolas Colas et d’Elisabeth Morlière. Si c’est le cas, ce couple s’est uni en face de l’église de Saint Pierre de Béthisy le 24 juillet 1645.

Il est certain que sur la fratrie, au moins trois enfants deviendront adultes : Nicolas, Anne et Marie Catherine, car ils sont cités dans les registres assez fréquemment. Quant au destin de Magdeleine et de Louise, il est plus incertain.

Les mariages d’Anne Brulant

Ainsi, Anne Brulant est la troisième fille d’un cabaretier/hôtelier de Béthisy Saint Pierre. N’oublions pas qu’à cette époque, marier sa fille coûtait de l’argent à la famille dans la mesure où celle-ci devait constituer une dot en vue de lui trouver un bon parti. Donc, être la troisième fille n’était pas nécessairement une chose facile à vivre à la fin du règne de Louis XIV …

Pourtant, le 9 novembre 1699, Anne Brulant épouse Michel Carrier qui est un personnage puissant dans la paroisse dans la mesure où il est le Procureur du Roi de la châtellenie de Béthisy et Verberie, puis de la prévôté de Béthisy. C’était donc lui qui jugeait les affaires opposant les habitants du ressort de la châtellenie.

De ce Michel Carrier, on ne sait pas grand-chose sinon que beaucoup de porteurs de ce nom se sont illustrés comme huissiers, sergent royaux ou procureurs du Roi. Il semble même que Michel Carrier (également écrit Carlier) soit le fils d’Antoine Carrier, sergent royal puis huissier de Béthisy et de Jeanne Leroy, né le 30 septembre 1656.

Ce qui est certain est que  les époux sont a priori mal assortis puisque qu’au moment de leur mariage, Michel Carrier est âgé de 44 ans tandis que son épouse n’a que 18 ans … Toujours est-il que tout le monde a dû y trouver son compte et que Nicolas Brulant a dû être ravi de voir sa fille épouser un homme si puissant !

A ce mariage est présente toute la fine fleur de la bourgeoisie locale, à savoir, outre les parents de la mariée :

  • Jacques Potier, le curé de la paroisse de Béthisy Saint Pierre,
  • Maître François Esmery, garde-marteau en la forêt de Compiègne et conseiller du Roi,
  • Adrien Carrier, neveu du marié
  • François Delafosse, huissier royal et neveu du marié
  • Nicolas Brulant, frère de la mariée
  • Maître Denis Bergeron, laboureur, ami de la mariée
  • Laurent Brulant, oncle de la mariée
  • Jean Lesueur, oncle de la mariée



Mais le 21 septembre 1710, Michel Carrier décède à l’âge de 55 ans, laissant une jeune veuve de 29 ans …

Celle-ci, alors mère de 4 enfants, se remarie avec Jean Baudouin, meunier de son état, le 5 avril 1712. Ce mariage est intéressant car il faut savoir qu’à cette époque, les meuniers étaient souvent des personnages riches car ils disposaient du privilège de transformer les grains de blé et farine, aliment de base pour la population. Ce mariage était donc assez intéressant financièrement, sans doute est-ce la raison pour laquelle notre Anne Brulant a jeté son dévolu sur Jean Baudouin

Par ailleurs, Jean Baudoin est de 1677, c’est-à-dire qu’il est de la même génération qu’Anne, née en 1681.

De cette union naîtront 6 enfants. J’y reviendrai dans un autre billet, mais il faut pour le moment noter que la quatrième fille du couple, Marie Catherine, baptisée le 27 février 1717 aura pour parrain Jacques Lavoisier, le maréchal de Béthisy et Marie Catherine Brulant, veuve de Martin Bergeron, et sœur benjamine d’Anne Brulant.

A noter que les Baudouin sont une dynastie de meunier puisqu’on trouve deux frères de Jean Baudouin qui exerce le même métier dans des paroisses voisines.

Malheureusement, Jean Baudouin meurt le 26 avril 1720 à l’âge de 43 ans.

A la tête d’une famille de plusieurs enfants, dont l’aînée à près de 26 ans et le benjamin à peine un an, la seule solution pour cette femme de 39 ans est de se remarier …

C’est chose faite le 4 mars 1726 avec François Choron, lui-même veuf de Marguerite Erinault. Même si ce mariage n’est pas fécond, François Choron a eu 11 enfants avec sa précédente épouse … En réalité, sur tous ces enfants, la plupart sont décédés au moment du remariage de François Choron avec Anne Brulant puisqu’en 1726, car seuls 5 sont encore vivants.

Ce qui est amusant dans ces troisièmes noces, c’est que François Choron, marchand mercier de son état est le fils de Denis Choron et de Catherine Louis, les sosas 4718 et 4719 de mes enfants. Ainsi, par ce remariage, Anne Brulant s’alliait pour la seconde fois avec notre famille.

Cette fois-ci, Anne Brulant est un peu plus âgée que son époux puisqu’au moment de son mariage elle a 45 ans, tandis que son mari n’en a que 39.

Une famille recomposée

Au moment du dernier mariage d’Anne Brulant, celle-ci est à la tête d’une famille recomposée assez impressionnante car, sont vivants en 1726 :

  • 4 enfants de son mariage avec feu Michel Carrier
  • 4 enfants de son mariage avec feu Jean Baudouin
  • 5 enfants du mariage de François Choron avec sa défunte première épouse Marguerite Erinault


Cela fait donc une fratrie de 13 enfants ! L’aînée ayant plus de 26 ans et la benjamine un peu moins d’un an …

On pourrait passer en revue les choix des parrains et marraines de ces enfants car on se rend compte des liens très forts tissés avec les différentes familles avec lesquelles Anne Brulant s’est alliée, ce qui est somme toute assez logique.

Fin de vie

Après avoir vécu 3 mariages avec des personnes faisant partie des notables de Béthisy Saint Pierre et qui devaient être assez fortunées, Anne Brulant s’éteint le 3 mai 1732, à l’âge de 50 ans. Il faut dire qu’elle a dû supporter 10 grossesses (sans compter les fausses-couches), la perte de 2 enfants, dont un petit garçon de 6 ans, et le décès de 2 maris.

Une vie bien remplie donc pour la quatrième fille d’un hôtelier de Béthisy Saint Pierre.

Par ailleurs, comme je l’ai indiqué dans ce récit, sa fille Anne Carrier a épousé Pierre Caron le 30 octobre 1731, ce dernier étant un frère de mon ancêtre Marie Anne Caron. Sa fille aînée Dorothée Carrier a par ailleurs épousé Charles Choron le 16 janvier 1720, qui n’est autre que le frère de Jean Baptiste Choron, le sosa 1268 de mes enfants … Elle a enfin elle-même épousé en troisièmes noces François Choron, le frère de Jeanne Choron une autre de mes ancêtres.

Elle fait donc, pour ainsi dire, partie de la famille …



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Pour aller plus loin :



           

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