mercredi 31 décembre 2014

Quelques bonnes résolutions 2015


Le moment est venu de formuler quelques résolutions pour cette année qui sera là dans quelques heures.

Bien entendu, je vais commencer par tenter de finir ce que j’ai initié car, même si la généalogie est une activité qui peut nous amener par monts et par vaux, il faut essayer de disposer, de temps en temps, de bases solides pour partir à la recherche d’une génération de plus.

J’ai donc pris cinq résolutions cette année que je vais tenter de suivre (nous verrons bien fin 2015 ce qu’il en aura été …).


1/ Finir mon relevé de Béthisy Saint Pierre

J’ai parfaitement conscience d’avoir été assez pénible avec mon relevé de Béthisy Saint Pierre dans l’Oise, mais le nombre de découvertes que j’y ai fait et le sentiment d’avoir une vision d’ensemble sur une paroisse entière me donnent vraiment l’envie de continuer.

J’ai d’autant envie de continuer que je sais que les actes de 1747 à 1782 sont très bien écrits et remplis d’informations très utiles. De plus, en ayant les relevés de 1587 à 1782, je disposerai de l’histoire de familles sur près de 200 ans, c’est-à-dire environ 8 à 9 générations !


2/ Finir mon relevé de l’Hospice des Pauvres de Beauvais

C’est un peu mon leitmotiv annuel mais cette année, il faut vraiment que je m’y colle !

Ce sujet est très riche d’enseignement car outre le coup de projecteur donné sur les destins tragiques de ces pauvres enfants abandonnés, on y découvre un grand nombre d’informations intéressantes sur la façon dont les enfants étaient habillés à l’époque ainsi que, parfois, quelques descriptions physiques toujours enrichissantes.


3/ Participer au Challenge 2015

Non, je ne dispose d’aucune information à ce sujet, mais je ne doute pas un instant que Sophie voudra renouveler les expériences de 2013 et 2014.

Donc, au cas où ce challenge se ferait, sachez que je dispose déjà de ma thématique …


4/ Continuer mes recherches sur ma belle-famille

En faisant des recherches sur la branche maternelle du père de mon épouse, j’ai mis le doigt dans un engrenage. Cela m’a entraîné dans des régions que je ne connaissais pas auparavant, à savoir le Languedoc-Roussillon et la région PACA.

J’ai découvert d’autres lieux, d’autres patronymes, d’autres métiers (ou en tout cas d’autres appellations de métiers). Bref, j’ai découvert tout un environnement que j’ai envie de continuer à explorer.

Par chance, les sources sont en assez bon état et je devrais pouvoir arriver jusqu’aux années 1650 pour la plupart des branches …


5/ Ecrire

Bien que de formation scientifique, j’ai quelques gènes littéraires qui traînent dans mon patrimoine génétique. Du coup, j’aime écrire.

Le blog que j’ai ouvert en août 2012 compte aujourd’hui un peu plus de 210 articles. J’étais loin d’imaginer au commencement de cette aventure que j’allais autant écrire.

Avec le recul, je constate que les articles qui ont eu le plus de lecteurs sont ceux qui traitent de techniques ou de méthodes pour résoudre quelques énigmes. Alors, je me dis que si les astuces que j’ai trouvées pour mes recherches peuvent intéresser, pourquoi ne pas les compiler en les enrichissant d’exemples concrets …

Je vais donc travailler à un petit ouvrage que j’espère pouvoir publier en cours d’année 2015. Dans un premier temps sous la forme d’un e-book puis, en fonction du « succès » de cette aventure, sur un support plus traditionnel.


Voilà pour ma mission 2015 !



En tout cas, je vous souhaite à toutes et tous une excellente année 2015, avec plein d’énigmes résolues et d’ancêtres retrouvés !



mardi 23 décembre 2014

Un bilan 2014


La fin du mois de décembre 2014 sonne l’heure des bilans et je ne dérogerai donc pas à cette tradition. Il faut dire que, une fois de plus, durant cette année, j’ai effectué beaucoup de recherches à des endroits que je n’imaginais pas en début d’année et que, en conséquence, une partie des objectifs que je m’étais fixés en janvier n’ont pas été atteints.



Petit retour en arrière sur ce que j’aurais dû faire …


1/ Effectuer le relevé des registres paroissiaux de la paroisse de Béthisy Saint-Pierre

Même si je n’ai pas terminé de relever les actes sur la période que j’avais visée, j’ai quand même bien avancé sur ce point. Pour mémoire, j’avais décidé de relever tous les actes de baptême, mariage et sépulture de 1617 à 1782, mais c’était sans compter avec la découverte d’un registre allant de 1587 à 1616.

De ce fait, mes recherches m’ont conduit à ce jour à relever ces actes :

  • de 1587 à 1597 et de 1617 à 1747 pour les baptêmes
  • de 1617 à 1747 pour les mariages
  • de 1617 à 1747 pour les sépultures


Il me reste encore pas mal de travail d’autant que les actes de 1587 à 1616 ont une écriture parfois difficile à déchiffrer, surtout pour les patronymes. Le problème étant qu’il semble qu’à cette période un grand nombre de personnes sont arrivées dans la paroisse de Béthisy Saint Pierre, ce qui fait des patronymes à déchiffrer lettre par lettre.

Cependant, cette analyse m’a permis de découvrir un grand nombre de mes ancêtres et surtout d’identifier beaucoup de collatéraux à ces derniers. Je me suis même amusé à reconstruire les généalogies descendantes de quelques familles, ce qui constitue les prémisses à l’étude que je souhaite faire sur cette paroisse.


2/ Participer au challenge AZ de Sophie cru 2014

Mission accomplie.

Cette année, j’avais opté pour un ensemble d’articles dont le thème était les premières lettres des prénoms de certains de mes ancêtres.

Je me suis pris à écrire des petites biographies de ces personnes, soit en simulant des mémoires, soit en simulant des échanges épistolaires, soit en usant de différents artifices pour rendre ces histoires plus vivantes que la simple juxtaposition de patronymes, de dates et de lieux.

L’exercice m’a donné envie de continuer pour d’autres ancêtres, mais c’est un travail long et je manque de temps. Alors, je le repousse à plus tard …


3/ Effectuer le relevé des enfants abandonnés sous l’Empire de l’Hospice des Pauvres de Beauvais

Cette tâche est sans cesse repoussée car je crois bien n’avoir fait aucun relevé cette année ! Ce n’est pas que je me suis désintéressé de ce sujet, mais non seulement mon activité professionnelle a été très chronophage cette année (ce qui explique d’ailleurs ma faible présence sur les réseaux sociaux en 2014), mais en plus la découverte d’informations concernant la branche paternelle de mon épouse m’a pris le peu de temps qui me restait !


4/ Les surprises

Je ne m’attendais pas cette année à pouvoir autant progresser sur la branche maternelle du père de mon épouse.

Il a suffit de quelques livrets de familles pour faire le lien entre les données dont je disposais et qui se limitaient au nom de famille des parents de la grand-mère paternelle de mon épouse, et les archives en ligne de l’Aude qui débutent vers 1865 (pour remonter vers le milieu du XVIIème siècle).

Les découvertes que j’ai faites sont vraiment intéressantes puisque j’ai pu (entre autres) confirmer une légende familiale qui disait que cette famille descendait d’un Bouzinac de la Bastide. Mais il me reste à prouver que du sang espagnol coule dans les veines de mon épouse, ce qui semble bien engagé au vu de certains indices.

Par ailleurs, j’ai découvert un ancêtre protestant dans ma belle-famille ce qui est assez amusant mais finalement pas si étonnant dans la mesure où le Languedoc est une province où la Religion Prétendue Réformée a essaimé.

La dernière découverte de cette année est l’exhumation de dizaines de lettres envoyées du front par l’arrière-grand-père maternel de mon épouse à sa femme entre 1914 et 1915, puisqu’il est mort des suites de ses blessures le 29 octobre 1915.

D’ailleurs, pour la petite histoire, mon épouse m’a confié qu’il y a quelques années, elle avait prêté certaines de ces lettres à un ami de France Inter et que voyant cela, ce dernier aurait souhaité les regrouper avec d’autres et les publier … Et c’est ce journaliste qui est à l’initiative de l’ouvrage « Paroles de Poilus » … Ainsi, c’est grâce à la correspondance de cet ancêtre pas si lointain qu’un tel ouvrage a vu le jour !


Une année 2014 riche en découvertes donc mais qui aurait être encore plus riche si j’en avais eu le temps … Mais le temps est une donnée que nous ne pouvons pas ralentir alors il nous faut accepter le fait que nous ne pouvons pas tout faire … D’autant qu’il reste l’année prochaine pour tout faire !



Alors, bonnes fêtes de fin d’année à toutes et tous et à très bientôt.  


mercredi 17 décembre 2014

La technique des aires


Comme tout généalogiste amateur qui se respecte, j’essaie en permanence de trouver des techniques qui me permettent d’optimiser mes recherches. En effet, la recherche d’ancêtres est suffisamment longue pour que tout ce qui peut être mis en œuvre pour gagner du temps soit le bienvenu.

Après avoir exploré différentes régions de France et avoir retrouvé un grand nombre de mes ancêtres, j’ai constaté que, à part certains cas, la plupart d’entre eux étaient issus de couples natifs de la même paroisse ou de paroisses voisines. 

Ceci s’explique principalement par le fait qu’ils étaient dans leur grande majorité des agriculteurs ou des artisans et que par conséquent ils perpétuaient la lignée en restant dans la paroisse qui les avait vus naître. Cela a d’ailleurs permis à certains d’entre eux d’occuper des charges ou des fonctions au sein de la paroisse, comme procureur du Roi, marguillier, huissier, etc.. Tout cela n’aurait sans doute pas été possible s’ils avaient été des nouveaux venus.


Pourquoi la méthode des aires ?

Partant de ce constat, je me suis dit que pour rechercher un ancêtre sans connaître a priori sa paroisse d’origine, il fallait circonscrire au maximum les recherches à quelques paroisses, quitte ensuite à élargir le cercle des recherches en cas d’échec. C’est ce que j’avais baptisé à l’époque la méthode de l’escargot.

Pour l’avoir utilisé un grand nombre de fois, je me suis rendu compte qu’elle était efficace mais parfois un peu longue, surtout en cas de recherche dans une zone où la densité de paroisses est importante.

L’idée m’est donc venue de limiter le nombre de paroisses cibles et de n’appliquer la méthode de l’escargot que sur un certain nombre d’entre elles. C’est ainsi que la méthode des aires est née.


Un principe simple

Le principe est simple : réduire au maximum le nombre de paroisses sur lesquelles effectuer les recherches. Pour cela il faut définir des critères d’éligibilité permettant de ne garder que certaines paroisses.

Application à la commune d'Ornaisons - Source Google maps


Or nous avons tous remarqué au cours de nos recherches que dans les actes de baptêmes, de mariage ou de sépulture (mais c’est également vrai pour les actes de naissances, mariages et décès post-révolutionnaires) certaines personnes présentes ont deux caractéristiques intéressantes : elles ont un patronyme identique à celui de la personne ou des personnes concernées par l’acte (par exemple un parrain, une marraine, un témoin, etc.) et elles sont signalées comme vivant dans une autre paroisse ou commune que celle du registre où se situe l’acte.

Cette caractéristique sert généralement à orienter les recherches vers ce lieu en cas de blocage.

Si on identifie toutes ces paroisses ou communes où vivent des proches des personnes concernées par nos recherches, on peut alors les disposer sur une carte et les relier de sorte à former un polygone irrégulier.

L’aire ainsi constituée peut alors être considérée comme la surface qui fixe les limites de la recherche et dans laquelle on peut appliquer la méthode de l’escargot de façon beaucoup plus optimale.

Aire définie par les communes citées dans les registres - Source Google maps


Pour améliorer la méthode

Si on veut perfectionner le système, il est ensuite possible de procéder à un sondage dans chaque commune ou paroisse constituant un sommet de ce polygone sur une période significative, disons 5 à 10 ans avant la date figurant sur l’acte où est mentionnée la personne et 5 à 10 ans après.

Il faut ensuite relever le nombre de porteurs du patronyme considéré. S’il n’y en a aucun, cela signifie que la personne citée n’est pas originaire de la paroisse, et donc qu’on a peu de chance de lui trouver des ancêtres ici. A l’inverse, si la densité de personnes portant le même nom est élevé, on risque d’avoir trouvé un foyer d’où est sans doute issue la personne.

Ensuite, on peut modifier le polygone obtenu initialement en ne gardant que les sommets correspondant à des paroisses ou communes à forte densité de porteurs du nom.

Si toutefois les recherches dans les paroisses ou communes présentes dans cette aire ne donnent rien, il est alors possible de l’agrandir, mais cette fois-ci artificiellement, en traçant l’aire de second rang, c’est-à-dire une aire dont les sommets de la frontière sont les paroisses ou communes situées juste au-delà des premiers sommets.

Extension aux communes environnantes - source Google maps

Cela revient à partir d’un cercle et de définir des cercles concentriques de rayons de plus en plus grands, mais au lieu d’avoir des cercles on utilise des polygones qui ont le mérite de définir une aire où la probabilité de trouver l’ancêtre recherché est plus grande, ce qui a pour conséquence immédiate de passer moins de temps à le chercher.



La méthode des aires est donc un moyen efficace pour retrouver un ancêtre mais ne fonctionne qu’à une condition : que l’ancêtre recherché ne soit pas originaire d’une paroisse trop éloignée de la paroisse où il s’est ensuite établi. Cette méthode permet également de visualiser ce que je nommerais la zone d’influence de la famille et de ses alliés, c’est-à-dire la zone au sein de laquelle ils ont vécu et évolué.





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mardi 9 décembre 2014

Comment trouver la bonne paroisse


Lorsqu’on commence l’exploration d’une région qui ne nous est pas familière, une des premières difficultés auxquelles on est confronté est la localisation des paroisses ou autres lieux. En effet, pour les habitants du lieu et à l’époque à laquelle ils vivaient, il n’y avait aucune ambiguïté sur les noms de village. Ainsi un « Saint André » suffisait à définir le lieu concerné alors que de nos jours, ledit « Saint André » est peut-être devenu autre chose, a peut-être disparu ou a fait l’objet d’une fusion avec une autre commune.

Par ailleurs, les sources de l’époque sont généralement manuscrites, ce qui signifie que l’orthographe de ces lieux est laissée à l’appréciation de son rédacteur. Alors, pour peu qu’une des personnes citées vienne de loin, le nom du lieu sera transcrit de manière phonétique, avec tout ce que cela signifie en termes de précision ... Je me rappelle ainsi avoir cherché pendant des heures la ville d’Eslingue », située, selon l’acte en question dans « l’Electorat de Trèves ». Il s’est avéré que la commune recherchée était celle d’Äslingen …



Pourtant, il existe quelques astuces simples à mettre en œuvre pour retrouver ces lieux mystérieux.

1/ Les sites des archives départementales

La première source est le site des archives sur lequel vous vous trouvez. En effet, à moins que cela ne soit précisé dans l’acte, les personnes figurant sur les registres sont généralement du coin. J’en veux pour preuve que lorsque la paroisse est différente de celle d’où le curé rédacteur est issu, celui-ci précise généralement à quel diocèse elle appartient, voire dans quelle province elle se situe.

Dans le cas où il s’agit d’une paroisse locale ou située dans les environs, il suffit donc d’aller sur la liste des communes du département qui figure sur le site des archives pour trouver son bonheur.

Bien entendu, il peut y avoir plusieurs candidats, surtout si le nom figurant sur l’acte est « commun », comme « Saint Pierre » ou « Saint André ». Et puis le nom peut avoir évolué ou tout simplement, être tronqué dans l’acte car pour le rédacteur, le nom raccourci est suffisamment implicite. Ainsi, dans l’Aude, Saint André de Roquelongue est souvent cité comme « Saint André ». Mais cette façon de procéder donne généralement de bons résultats.

Cette façon de faire permet également de lever les doutes sur la graphie des noms, par exemple un « n » pouvant être écrit comme un « u » …

2/ Google maps

L’autre possibilité, mais qui n’exclut pas la première, est d’aller sur des cartes en ligne, comme celle de Google maps. En entrant le nom de la paroisse sur laquelle on se trouve, on peut visualiser très simplement toutes les communes environnantes.

En appliquant le même raisonnement que précédemment qui consiste à faire le pari que les personnes citées dans un acte vivent dans la paroisse concernée ou à proximité, il est alors facile de visualiser sur la carte les noms des communes avoisinantes. Car même si les noms ont changé ou ont évolué, on retrouve généralement la trace de la paroisse recherchée et on obtient du coup sa bonne orthographe.


3/ Les moteurs de recherche

Une fois la paroisse recherchée identifiée et correctement orthographiée, il est alors possible d’en savoir plus sur elle en effectuant une recherche via un moteur de recherche sur le web. Personnellement j’utilise Google ou Qwant, ce dernier étant totalement neutre, c’est-à-dire ne tenant pas compte des recherches effectuées précédemment pour la demande en cours.

Cela permet d’avoir des informations précieuses qui mènent à des sites d’archives comme Gallica ou des sites d’érudits, voire de passionnés ayant écrit des monographies sur la commune.

Les informations recueillies permettent alors de découvrir les moments clefs de l’histoire de la commune, les personnages principaux et les noms des villages qui y sont rattachés. C’est ainsi par exemple que j’ai découvert des informations sur un de mes ancêtres à la fin du XVIème siècle dans une paroisse du Valois car son nom figurait sur une stèle funéraire encore présente dans l’église de la commune …


Ces quelques astuces permettent de retrouver les noms des lieux qui sont présents dans les registres ou les actes anciens, qui y sont mal orthographiés ou suffisamment mal écrits pour qu’on ne puisse pas les déchiffrer facilement. Elles permettent ensuite d’aller plus loin et parfois de découvrir des informations très intéressantes sur nos ancêtres !


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mardi 2 décembre 2014

Il faut se méfier des conclusions hâtives …


Même si nous sommes vigilants, nous pouvons nous faire piéger par des a priori. Par exemple, bien des choses ont changé depuis le XVIIIème siècle et des mots ou des comportements qui étaient clairs et sans ambigüité à l’époque ont évolué et ont parfois pris une autre connotation.

Le problème est que si nous n’y prenons gare, nous pouvons nous perdre dans des conclusions erronées.

Voici trois exemples trouvés lors de mes recherches sur la branche de la grand-mère paternelle de mon épouse dans la région des Corbières, aux confins du Languedoc.


1/ Un pasteur bien catholique

Pour celles et ceux qui l’ignorent, chez les protestants, le ministre du culte se nomme un pasteur. Ce nom tire son origine dans le fait que cette personne est censée guider le troupeau des âmes humaines à l’instar d’un pasteur qui guide les brebis et évite qu’elles s’égarent.

Autre information importante, les Corbières ont été une région où le catholicisme a eu du mal à s’implanter uniformément car de grands mouvements hérétiques ont existé dans le passé, les Cathares étant les plus connus. Ainsi, trouver des protestants dans cette région n’est pas absurde en soi.

Passons à Jean Baptiste Marsal.

Il est né à Villerouge-Termenès, une petite paroisse des Corbières à quelques lieues de Lézignan. Il est le fils d’Etienne Marsal et d’Anne Ville.
Lorsque le 1er octobre 1776 il épouse Marie Pla, fille de Jean François Pla et de Marie Pech, on apprend que Jean Baptiste Marsal est un pasteur résidant depuis longtemps dans la paroisse de Ribaute, celle où a lieu ce mariage et d’où est originaire la future.

Spontanément, je me suis alors dit que mon épouse avait un ancêtre de plus protestant (car j’en avais découvert un autre quelques temps auparavant …). Rien d’étonnant à cela pour les raisons évoquées plus haut.
Au moment où je transcrivais l’acte de mariage, je me prenais déjà à imaginer un billet exaltant la grande tolérance de l’église catholique envers leurs « frères » protestants, mettant cela sur le compte de siècles de cohabitation.

Seulement voilà. Arrivé à la fin de l’acte je lis la mention suivante


« Présents à ce mariage, Mr Mas, bourgeois, et le sieur Baptiste Pla, oncle paternel de la mariée et Vincent, qui ont signé avec nous, et non Baptiste Marsal et Marie Pla, de ce requis ont dit ne savoir (…) »


Quoi donc ? Un pasteur ne sachant pas écrire ? Pas possible ! Quand on sait l’importance que portaient les protestants à l’étude des écritures, je me suis dit que cela ne collait pas ! Et puis, je me suis souvenu que jadis un pasteur était aussi un berger …

Ainsi, cet ancêtre n’était point ministre du culte protestant, mais bien un simple berger …


2/ Un ancêtre Premier Consul

Toujours dans cette branche, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que Arnaud Pla, le sosa 1668 de mes enfants (et accessoirement le grand-père paternel de la Marie Pla citée plus haut) était Premier Consul !

Oui, mais Premier Consul … de Félines-Termenès ! Tout de suite, cela rompt un peu le charme …

Cela montre qu’il faut bien tout lire dans un acte pour éviter de se faire des illusions !

En fait Arnaud Pla, né le 2 juin 1680 à Félines-Termenès, fils de Raymond Pla et de Marie Cumond, et décédé le 3 mai 1746 au même Félines-Termenès, était un notable de cette petite paroisse. Celle-ci était administrée par des consuls et le premier d’entre eux était en quelque sorte le Maire, si on peut tenter un parallèle qui frise l’anachronisme.

La déception (relative) est alors vite remplacée par une découverte historique qui est que sous Louis XV, les paroisses étaient relativement autonomes et étaient pour certaines auto-administrées. On est loin de l’image montrant des paroisses composées de paysans incultes écrasés par un seigneur impitoyable …


3/ Un ménager qui ne fait pas le ménage

A plusieurs reprises, au début du XVIIIème siècle, j’ai rencontré des ménagers dans les ancêtres de mon épouse.

Le plus surprenant est sans doute le cas de François Bouzinac de la Bastide, huissier de son état et fils de Joseph Dominique Bouzinac de la Bastide, vice-chancelier au consulat d’Espagne et des Deux-Siciles, et de demoiselle Marie Prévot.

Cet homme qui est né à Marseille vers 1748 et qui est mort à Ferrals-les-Corbières, dans l’actuelle Aude, le 29 septembre 1796 (le 8 vendémiaire an V pour les puristes) a épousé Marie Thérèse Estieu le 24 novembre 1773 à Luc sur Orbieu, petite paroisse du Languedoc, rattachée au diocèse de Narbonne.

Au vu de l’ascendance du marié, on peut imaginer le mieux pour celle de la mariée.

Or qu’apprend-on ? Le père de Marie Thérèse Estieu, feu François Estieu était … ménager !

Spontanément, je me suis dit que soit ladite Marie Thérèse Estieu était incroyablement belle, soit notre Bouzinac de la Bastide avait fauté avant le mariage et il s’agissait de réparer quelque déshonneur. Mais un fils de vice-chancelier auprès d’un consulat ne pouvait épouse une fille de ménager, tellement ce terme est connoté négativement !

Pourtant, en regardant les ressources disponibles sur le web, j’ai découvert qu’en Languedoc, à cette période, un ménager était en fait un propriétaire terrien possédant une terre pouvant aller jusqu’à une vingtaine d’hectares …

Ainsi, loin de la connotation négative qu’un tel mot peut représenter aujourd’hui, un ménager pouvait être relativement aisé et surtout, posséder une terre et ne pas en être seulement l’exploitant pour le compte d’un seigneur ou d’un propriétaire. Du coup, ce mariage se comprenait mieux, ce qui n’annulait pas les autres causes possibles (Marie Thérèse pouvait très bien être belle et François pouvait en être amoureux …)



Les apparences sont parfois trompeuses et il faut bien lire les actes et ne pas hésiter à scruter les ressources disponibles sur le web car cela permet de lever bien des doutes et même si la réalité est moins « sexy » que ce qu’on avait pu imaginer un instant, cela n’est pas grave car la généalogie est aussi là pour tordre le coup aux légendes infondées …



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